Site officiel Paroisseemmanuel.fr

Diocèse de Lille

Logo de la paroisse/






www.paroisseemmanuel.fr
Paroisse de l'Emmanuel - La feuille d'information Accueil

Catégorie AccueilCOVID-19 - Méditations

Durant la période de confinement pour cause de COVID-19, la feuille de semaine est suspendue.
Nos prêtres et diacres nous transmettent chaque jour une méditation. Retrouvez la liste des funérailles célébrées durant le mois de confinement qui s'est écoulé ; elle est placée sous la méditation, lorsqu'elle est transmise.

Lundi 1er juin
Durant tout le temps de confinement, vous avez pu suivre par cette page les méditations écrites par nos prêtres, nos diacres, les volontaires.
Maintenant nous allons reprendre un fonctionnement quasi normal. Nous vous remercions pour nous avoir suivi pendant tout ce temps. les informations de la paroisse vont continuer à être diffusées sur le site de la paroisse. Les papiers ne seront pas de retour tout de suite car les gestes barrières nécessitent de respecter les consignes.
Vous avez été nombreux à nous suivre, vous avez des suggestions à nous faire sur l'organisation du site, faites le nous savoir en nous écrivant paroisseemmanuel-lomme_capinghem@orange.fr

dimanche 31 mai
SOLENNITÉ DE LA PENTECÔTE A

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20, 21)


Les croyants Juifs avaient coutume de célébrer la Chavouôt, fête de la moisson/des prémices. Selon certains rabbins, elle correspond au jour où Moïse reçut la Loi de Dieu, cinquante jours après l’exode que commémore la Pâque juive (Pesha). La doctrine chrétienne de la Pentecôte s’inspire en grande partie de cette tradition, charriée par la mémoire vive jusque dans le récit de la première lecture de ce dimanche (Ac 2, 1-11). Le narrateur relève bien que les événements rapportés se déroulent « le cinquantième jour » après la résurrection. Les détails de ce récit ont de ce fait une portée symbolique très dense. Aussi, bien plus qu’un événement ponctuel, la Pentecôte semble mieux être une œuvre de grâce qui échappe aux pièges du temps et de l’espace, et embrasse le peuple de Dieu tout entier.
C’est logiquement au service d’une telle fin que Luc rassemble à Jérusalem « tous les Juifs fervents issus de toutes les nations qui sont sous le ciel ». Le mystérieux bruit qui s’entend rassembletous ces fils d’Israël venus des quatre coins du monde, comme ferait une trompette de ralliement par autre temps. C’est le peuple de Dieu qui se trouve ainsi convoqué, pour écouter l’enseignement de vie donné par des prêtres et des prophètes nouveaux, animés par le zèle mystérieux de l’unique Esprit de Yahvé. L’unité du peuple dispersé se trouve donc symboliquement réactualisée autour de la parole qui donne vie, et que chacun comprend dans sa profonde intimité. Le texte laisse entendre que les personnes rassemblées entendaient les disciples parler leur « langue maternelle ». Que ce soit des dialectes israélites ou plutôt des langues de la diaspora, l’essentiel est bien que les messagers se font aisément comprendre.
Le récit évangélique de ce jour (Jn 20, 19-23) nous ramène au soir de la Résurrection. Se rendant présent auprès de ses disciples cloîtrés dans leurs peurs, Jésus les bénit de sa paixprofonde. Rassérénés par sa présenceet sa parole, les disciples éprouvent une joie intérieure. Jésus les informe alors qu’il confie à leurs soins l’œuvre qu’il avait initiée en leur présence : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Il répand ensuite sur eux son souffle, en signe de partage de l’Esprit Saint dont il est oint(Mashiah/Christos). Il leur donne comme ordre de mission d’œuvre à libérer tout homme des servitudes du péché. Notre héritage théologique situe le fondement du sacrement de miséricorde dans ces paroles. En osant dépasser les perspectives dualistes de la réalité, considérons le péché comme tout ce qui, rompant le lien de communion, enferme l’homme dans la solitude et l’obscurité, le privant ainsi de la joie que procure la communion avec Dieu. C’est de ce péché que Jésus a libéré ceux qu’il a rencontrés et (é)mus profondément par l’amour divin que l’Esprit faisait déborder de son cœur. Telle est la mission qu’il confie à ses disciples, et à nous, leurs héritiers.
Dans la deuxième lecture (1Co 12, 3…13), la théologie de Paul redit que Dieu donne son Esprit en partage à l’homme. C’est lui qui porte ce dernier à reconnaître Dieu comme la source de sa vie et de son existence. Lien de profonde communion avec Dieu, il dispose le croyant à reconnaître en Jésus le Messie de Dieu. Il travaille cependant tous les hommes, dans leurs diversités. Il demeure en chacun, et la diversité de leurs talents en est le signe. Paul rejoint la perspective de l’enseignement de Jésus selon laquelle ni les langues ni les cultures, ni les statuts sociaux ni les origines, ne devraient établir de malicieuse hiérarchie entre les enfants de Dieu. C’est le principe de la dignité commune de l’humain universel, qui découle de l’universalité du don de la grâce de Dieu, et justifie l’universalité du salut. Ces principes permettent de mieux comprendre la mission de Jésus, conférée ensuite à ses disciples, puis à nous, son Église, Peuple de Dieuconvoqué par sa Parole éternelle de vie et d’amour.
Telle est sans doute la juste perspective du baptême de l’Esprit auquel nous avons part. Nous formons un seul Corps, le Corps ecclésial, où nous sommes mystérieusement unis au Christ et par lui. C’est ce « Corps » que Tomas Halik convie l’Église de notre temps à honorer avec lucidité, dans l’interview que La Croix Hebdo lui consacre cette semaine. Un Corps où les blessures des hommes d’hier et d’aujourd’hui invitent toujours à reconnaître Jésus, et à aimer chacun comme Jésus nous en donne l’exemple. Car en aucun humain les blessures n’éteignent la force de l’amour de Dieu. Soyons les témoins fidèles de ce projet divin.
P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA

Septième semaine du temps pascal

samedi 30 mai Vigile de le Pentecôte Jean (21, 20-25)




vendredi 29 mai
Méditation Evangile de Jean 21, 15-19.

Elle est étonnante, cette insistance de Jésus. Trois fois, il demande si Pierre l’aime. Mais cette demande insistante n’est pas celle d’un ami dans le doute qui cherche une preuve d’amitié. Pourtant, Pierre semble comprendre que Jésus demande une certitude, puisqu’il est triste de devoir répéter sa réponse. Comme si Jésus n’était pas bien sûr de la vérité de la réponse de l’apôtre. Après tout, Pierre a encore en mémoire son propre reniement le soir de l’arrestation de son maître. Il est de cette pâte humaine qui est la nôtre et qui doit nous rassurer dans notre foi. Oui, l’humanité de Pierre nous permet tous de ne pas avoir honte de nous-mêmes et de ne pas désespérer de ce que nous sommes. Pierre aime Jésus et pourtant il l’a trahi. Ce qui est éminemment contradictoire. Peut-on affirmer ne pas connaître celui ou celle que l’on aime ? Pierre l’a fait ! Et pourtant, Jésus le choisit comme pilier de son Eglise. Pierre le renégat et Paul le bourreau des chrétiens… Quels piliers bien étranges de la première Eglise… Le cliché dévastateur est celui qui exige que le chrétien – celui qui se réclame du Christ – soit parfait. L’utilisation abusive et terrible de cette phrase du Christ : « Soyez parfait comme votre Père du ciel est parfait » a enfanté des terribles malentendus. Bien sûr que tout chrétien a fauté et faute encore et fautera dans l’avenir. Parce que tout chrétien est comme Pierre ou comme Paul. Se vouloir et se croire parfait, c’est entrer dans le mensonge vis-à-vis de soi, c’est-à-dire l’hypocrisie. C’est pactiser avec le diable car le diable est le père du mensonge, ne l’oublions jamais. Se mentir à soi, c’est bientôt mentir aux autres. Et tôt ou tard, le mensonge se révèle, il éclate au grand jour. C’est alors que celui qui se dit chrétien, et donc parfait commet le parfait contre-témoignage. Combien de personnes se sont détournées de l’Eglise parce que celles et ceux qui se réclamaient du Christ ont commis des contre-témoignages. On est prompt, parfois, à accuser l’autre de commettre ce que, en secret, on se permet de faire. La dernière parole de l’évangile de ce jour est « Suis-moi ». Cette parole, Jésus la prononce pour nous tous, quelque soit notre péché. Alors, cet évangile doit nous rassurer. La bonne nouvelle de Jésus est pour toute femme, tout homme. Jésus n’a jamais désespéré de Pierre qui l’a renié et de Paul qui a pourchassé les chrétiens. Jésus, Fils du Tout-Puissant, ne désespère de personne. Au contraire, Dieu espère en tout homme et en toute femme. N’ayons donc pas honte de nous, soyons rassuré de notre foi. Nous sommes tous et toutes dignes du Christ. Là est notre perfection. Bonne nouvelle pour toute femme et tout homme de bonne volonté !
O. Antoine

jeudi 28 mai Méditation, Jn 17, 11b-19

Avec l’évangile d’aujourd’hui, nous arrivons à la fin du discours final de Jésus, son testament en quelque sorte, avant son arrestation et son procès. Et l’insistance est donnée sur l’unité : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Cette question de l’unité n’est donc pas un appendice au discours : en général c’est sur le point le plus important qu’on termine un propos. Il faut donc comprendre que l’unité, c’est le socle, le fondement de la vie avec Dieu ; l’unité, c’est ce dont Jésus est venu nous convaincre, par ses gestes et par ses paroles, dans la mission terrestre que son Père lui a donnée. L’unité, socle, fondement de la foi. On s’en convaincra tout de suite à partir de son contraire : la division, la violence, la guerre ! Ce n’est pas pour rien que, puisque les hommes ont fait du Mal une personne, ils l’ont appelée « diable » - « diabolos » en grec : « celui qui divise ». Oui, dans l’expérience du Mal, n’y a-t-il pas toujours au moins la trace d’une incompréhension, d’un refus, d’une déchirure ? Cela dit, l’unité n’est pas une sorte de câlinerie de bisounours ! L’unité, ce n’est pas « je fais semblant que je t’aime, on ne parle pas du reste… » L’unité n’a rien à voir, ni avec l’uniformité, ni avec la fusion. Il ne s’agit pas de s’effacer pour faire place à l’autre, car alors ce seront toujours « les grandes gueules » qui commanderont. Non, l’unité véritable doit permettre à chacun d’exprimer, de vivre sa différence, sa propre personnalité, son « génie » particulier, car Dieu nous regarde chacun et chacune comme une personne originale, qui « vaut le coup » d’être vue, entendue, écoutée, admirée. La gloire de Dieu, je la vois comme une magnifique symphonie dont chacun joue une partie avec son propre instrument, et c’est le Père qui tient la baguette ! Et si j’écoute un concerto de Bach ou une symphonie de Beethoven, n’ai-je pas déjà un avant-goût de l’unité que Jésus souhaite vivre avec nous, et en lien, dans l’Esprit, avec son Père ? Si nous revenons sur terre après cette envolée vers un Ciel musical, nous devons nous rendre compte que l’unité, telle qu’elle est demandée par Jésus, doit se vivre à plusieurs niveaux : au niveau des Eglises et de notre propre Eglise bien sûr ; mais aussi au niveau social et politique, car si nous sommes chrétiens nous sommes aussi citoyens, et nous nous sommes rendu compte en ce temps de pandémie de l’importance de cette donnée ; enfin, il faudrait peut-être commencer par se demander si cette unité, nous la vivons d’abord en nous-mêmes : ne nous arrive-t-il pas de nous sentir divisés dans nos pensées, nos opinions, nos rêves, nos actes ? Dès lors, ne cessons pas de revenir à la prière de Jésus : « Qu’ils deviennent parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé. » Oui, que l’unité, proposée non pas comme une contrainte mais comme une ouverture, un idéal, puis vécue concrètement comme un vrai partage entre nous tous, soit l’étape décisive qui nous unisse à Dieu ! Patrice

mercredi 27 mai Méditation, Jn 17, 11b-19


Peu avant sa mort, Jésus lève les yeux au ciel et prie son Père, c'était l'Évangile de dimanche dernier. Le texte d'aujourd'hui -qui constitue la suite immédiate de cette adresse de Jésus à son Père-, nous remet en mémoire les dernières recommandations de Jésus à ses disciples avant sa Passion. Jésus y développe des notions plutôt abstraites : il est question d’unité, de joie, de consécration, et surtout de notre rapport au monde.
Jésus commence par la question de l’unité : « Garde-les en ton nom pour qu’ils soient un comme nous sommes un ». Il ne s’agit pas de faire des disciples, et donc de chacun de nous, un groupe uniforme, un troupeau passif et servile : chacun a sa personnalité et la garde. Il s’agit bien plutôt de favoriser l’harmonie dans le groupe des disciples, sur le modèle de l’harmonie qui règne déjà entre Jésus et son Père. À la différence de l'unité, l’uniformité gomme toutes les différences, elle n’est qu'une contrefaçon de l’unité. J'oserai dire que le baptême ne nous "formate pas". Cela dit, il doit donc y avoir entre les disciples une qualité de relation qui rend impossibles les ruptures de toutes sortes. C'est précisément cette qualité de relation qui nourrit la joie. Comment ne pas être dans la joie quand on a l’immense privilège de pouvoir être soi-même. Et cette joie d’être soi-même, c’est Jésus qui la donne : « qu'ils aient en eux ma joie dans sa plénitude ». Cette joie, nous la recevons, nous l'apprécions, sans en être l'origine.
En poursuivant sa prière, Jésus aborde la question de la consécration par la vérité. Quel est le sens de cette consécration ? Un honneur mérité ? Une reconnaissance pour bons et loyaux services... ? Non, il s'agit en fait d'une mise à part, c’est-à-dire que Dieu nous met à part pour lui-même et nous fait entrer dès maintenant dans son projet, dans sa lumière. Pour nous sanctifier ainsi, pour nous rapprocher chaque jour de cette amitié de Dieu, de son intimité, Dieu, en vrai Père, nous offre un chemin privilégié : sa parole transmise par Jésus, l’Envoyé qui est à la fois son message et sa bouche. C'est dans notre monde que le Christ nous veut comme témoins de son message, ce monde où l'homme est capable de faire des merveilles, où il prend aussi la mesure de sa pauvreté : « Je ne te demande pas de les ôter du monde, dit Jésus à son Père, mais de les garder du Mauvais ; [..] Consacre-les ».
En résumé, des chrétiens unis, joyeux, consacrés... des disciples de Jésus en mode rose et violettes, comme dans un monde "de bisounours" ? Certainement pas, car il s'agit bien de la société lorsqu’il est question du monde. Au cœur de ce monde que Dieu aime mais qui est travaillé par les forces du refus, de la révolte et de l’athéis­me, le Père, en réponse à la prière de Jésus, va donc nous garder et nous sanctifier. Il nous garde non pas en nous rendant étrangers au monde, non pas "masqués", en nous isolant dans une bulle où l'on ne respire que l’air de la foi et de l’espérance, mais en nous fortifiant intérieurement par son Esprit, contre les mensonges et les virus du mal, contre les contagions de l’intelligence et du cœur, contre les contaminations de nos propres tristesses et de nos découragements. Nous ne sommes donc pas invités à nous couper du monde mais à y vivre, à y prendre notre part, conscients que nous sommes animés d’une autre logique. Le christianisme est la religion de l’Incarnation, il s’inscrit donc complètement dans la réalité - la méchante pandémie nous l'a douloureusement rappelé avec ses impératifs interdisant les rassemblements et les événements forts dans les églises-. Il ne s’agit en aucun cas de déserter le monde. Mais dans ce monde, nous sommes invités à rendre visibles l’unité, la joie et la consécration, certes encore à parfaire, mais qui constituent, idéalement, l'identité de l’Église.
Marie Maincent

Mardi 26 Mai
Ac 20,17-27. Jn17, 1-11a.


L’Eglise nous propose aujourd’hui de relire l’évangile de dimanche. Peut-être parce qu’il est difficile à comprendre et donc d’entrer dans cette prière de Jésus à son Père. Dans sa méditation, dimanche, Marie a insisté sur la vie éternelle qui consiste à connaitre Dieu. Connaissons-nous Dieu ? J’aimerais répondre OUI à cette question. D’ailleurs, pouvons-nous dire que nous connaissons bien nos proches (conjoint, enfants, ami…) ? Même si nous les aimons. Alors , la vie éternelle ne fait que commencer !
Les mots de la Bible sont parfois trompeurs et certains auraient besoin d’être « modernisés ». Il en est ainsi pour le mot GLOIRE. La gloire de Dieu, c’est la révélation de ce qu’Il est vraiment, et même de sa présence agissante. Ainsi, dans sa prière, Jésus dit à son Père qu’il a révélé son action sur la terre en accomplissant ce qu’il avait à faire. Effectivement il a guéri des malades, il a pardonné aux pécheurs et les a remis en route, il a combattu des personnes prisonnières de rites traditionnels non habités par l’Esprit de Dieu (je pense par exemple à l’épisode de la femme adultère)…Il a annoncé le Royaume de Dieu et nous a appris à prier en disant « : « Notre Père ... » etc….
Ensuite, Jésus continue sa prière et demande à son Père de le glorifier c’est-à-dire de révéler aux hommes qui Il est vraiment : L’envoyé, le Messie, Dieu fait homme. Et C’est sa résurrection qui nous donne cette révélation.
Dans la 1ère lecture, St Paul dit aux Ephésiens comment il a essayé toute sa vie de « rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu ». C’est en quelque sorte son testament spirituel et ce faisant, il invite peut être les plus anciens d’entre nous à dire à nos proches comment nous essayons de rendre témoignage.
J’ai lu un jour cette phrase que j’ai bien aimée : « La Foi, c’est la rencontre entre le don de Dieu et le consentement de l’homme. » Je crois vraiment que c’est cela. La Foi grandit dans notre liberté de reconnaitre les dons reçus de Dieu tout au long de nos jours. Elle se nourrit de la prière qui consiste à déposer notre propre vie dans le cœur de Dieu….
Etienne samarcq, Diacre.

Lundi 25 Mai
Méditation Jean 16, 29-33


« Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu » : voilà une parole pleine d’assurance des disciples ! Une foi pleine de certitudes ! Mais Jésus prévient : « Voici que l’heure vient (…) où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul … » La foi des disciples sera mise à rude épreuve avec l’arrestation, la passion, la mort de Jésus …
La vie, la mort, la souffrances éprouvent la foi. Positivement, j’ose affirmer qu’elles la purifient, nous obligeant à dépasser les réflexes religieux infantiles qui nous habitent tous. Il est bon de distinguer le Père de Jésus Christ du Père … Noël !
Le doute n’est pas l’adversaire de la foi. Le plus grand adversaire est le fanatisme qui enferme dans la certitude !
Dans la première lecture, des disciples se laissent interroger par Paul : ils en étaient restés au baptême de Jean, baptême de conversion. Ce n’était pas rien. Paul les convainc que le baptême au nom de Jésus les fera s’ouvrir au don de l’Esprit Saint, au don de la communion avec la vie de Dieu.
Que notre foi continue sans cesse à s’interroger au rythme des évènements de la vie et des rencontres. Ce n’est pas manquer de convictions ; c’est une chance de les approfondir, et ains d’enrichir notre relation au Seigneur …
P. Laurent Dubrulle

dimanche 24 mai
Méditation, Jn 17, 1-11


Ce dimanche, la première lecture tirée du commencement des Actes des Apôtres mentionne la montée de Jésus vers son père dont les apôtres ont été témoins. Le texte ne manque pas d'évoquer la présence de femmes dans la chambre haute. Avec eux, peut-on lire, elles étaient assidues à la prière, la précision n'est pas sans importance.
L'événement de l'Ascension est passé, Jésus n'est plus physiquement présent... et la Pentecôte qui manifestera l'Esprit est encore à venir. Avec l'absence physique de Jésus, les hommes et les femmes pourraient éprouver un sentiment d'abandon mais presque simultanément, quand le Fils est enlevé pour le ciel, alors l'Esprit est envoyé au monde, comme pour nous aider à comprendre la Trinité agissante. Manque le Père, me direz-vous...
Dans l'Évangile, la prière que Jésus adresse précisément à son Père vient compléter notre "intelligence" de cette figure trinitaire du Père, du Fils et de l'Esprit -trois personnes qui ne font qu'UN-. C'est vrai, le concept est difficile à concevoir. Difficile aussi cette prière que Jésus prononce juste avant d'être arrêté puis mis à mort, avec des mots où, paradoxalement, il est question de vie éternelle dans un contexte d'agonie imminente.
Pour nous, que peut signifier la vie éternelle s'il est inscrit dans l'ADN de chaque vie humaine qu'elle n'est pas faite pour durer ? Dès l'ouverture de l'Ancien Testament, les premiers chapitres de la Genèse ne nous rappellent-ils pas notre finitude avec Adam, le premier être humain tiré de l'humus (adama en hébreu), le premier être humain façonné à partir de la terre où il retournera... À cette question sur la vie éternelle, Jésus donne une réponse courte mais condensée : "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ." Sobriété de la réponse : la vie éternelle est la connaissance du Dieu vrai. Elle n'est pas un supplément d'existence qui n'en finira pas, comme je peux parfois l'imaginer. Il ne s'agit pas de corriger une obsolescence programmée pour m'exprimer avec des mots d'aujourd'hui. Autrement dit, la vie éternelle commence ici sur cette terre, lorsque tout être humain, jeune ou plus avancé dans la vie, se reconnaît et se reçoit d'un tout Autre qui appelle et invite chacun à la plénitude. Ce ne sont ni nos ego, ni nos hésitations, ni nos contradictions qui sont appelés à s'éterniser mais bien tout ce qui est greffé à Dieu autant qu'à Jésus comme nous le rappelait tout récemment l'évangile de la Vigne. Au creux de nos existences finies, quand ils sont taillés, émondés, soignés, les sarments que nous sommes portent déjà des fruits... d'une saveur éternelle, avec un goût d'infini !
Marie Maincent

samedi 23
Méditation Jn 16, 23b – 28


Nous retrouvons dans cette page l’affirmation bien connue de Jésus : « Demandez, et vous recevrez ». Quel soulagement, quelle belle promesse dans nos difficultés ! Le contexte qui entoure cette phrase et qui est donné par l’évangéliste doit nous aider à mieux saisir les conditions de cette promesse. Il n’est pas question de demander n’importe quoi, n’importe comment !
« Ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. [Mais] jusqu’à présent vous n’avez pas demandé en mon nom », avait précisé Jésus. C’est quand « je vous parlerai sans images, et vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le Père », que vous demanderez en mon nom. Autrement dit, je m’apprête à vivre ma condamnation, puis ma mort et ma résurrection, et là vous comprendrez vraiment qui est le Fils de Dieu, et que je le suis ; alors, oui, vous prierez mon Père en mon nom, c’est-à-dire en prenant vraiment en compte le don que Dieu vous a fait -nous a fait: le don de Son Fils, qui s’est fait proche de nous comme un frère, et qui n’a jamais cherché à triompher comme un roi, mais au contraire à s’abaisser comme un serviteur.
Demander au nom de quelqu’un n’est pas sans risque. Ca peut être une façon de se dédouaner, de se donner bonne conscience en se reposant sur la réputation de l’autre ou, de façon presque perverse, d’imposer sa propre façon de voir en se réclamant d’une autorité supposée supérieure. Dans le passé de l’Eglise, on sait quels ravages a provoqués cette façon d’agir « au nom de Dieu » pour soumettre ou exterminer les « sauvages ». Non, si j’agis au nom du Christ, ce n’est pas pour établir ma domination ni pour faire triompher mon point de vue, mais pour prendre en compte la faiblesse de l’autre et le rejoindre là où il est, pour le prendre par la main et marcher avec lui. On voit donc quel testament nous a donné Jésus avant de rejoindre son Père. Le départ de Jésus n’est pas un abandon, mais une transmission. Il ne dit pas : « Débrouillez-vous », mais « vous êtes mes frères et mes sœurs, j’ai partagé votre vie jusque dans ses aspects les plus terribles, et donc ce que vous ferez, ça doit être comme si c’est moi qui le faisais. » Saint Paul dira que les croyants sont le corps du Christ, et l’Eglise retiendra cette expression dans la définition qu’elle se donne d’elle-même : nous sommes le Peuple de Dieu, nous sommes le Corps du Christ -et nous sommes aussi le Temple de l’Esprit : oui, après le départ du Christ à l’Ascension, il est temps que l’Esprit de la Pentecôte vienne, pour qu’il nous éclaire sur cette redoutable mais exaltante mission : vivre et agir comme membres du corps du Christ !
Patrice Maincent

Vendredi 22 mai
Méditation des Actes des Apôtres (18, 9-18), Jean (16, 20-23a)


Spontanément, on se demande pourquoi les Juifs vont se plaindre de Paul auprès d’une autorité civile pour des questions en lien avec la religion. On ne comprend pas mieux dans quel intérêt l’auteur des Actes des apôtres rapporte ces faits, qui se terminent par des violences à l’encontre de Sosthène, et non de Paul. Des spécialistes de l’Écriture sainte trouveraient sans doute des explications pertinentes à ces questions.
À notre niveau, nous pouvons peut-être nous tenir à considérer que ces Juifs avaient été persuadés d’agir honorablement selon leur foi. À leurs yeux, Paul aurait vraisemblablement blasphémé contre la Loi de leurs Pères. Et Sosthène, en qualité de chef de la synagogue, eût mieux fait de lui retirer la parole, et même de lui en interdire l’accès à l’avenir. Il convient pourtant de ne pas condamner ces Juifs sans saisir le fond du problème. Rien ne garantit que nous soyons absolument épargnés de telles réactions devant d’éventuelles opinions contrariantes vis-à-vis de notre propre foi, même aujourd’hui. Demandons-nous plutôt comment nous devrions éviter de telles tentations d’obscurantisme. Dans l’évangile de ce jour, Jésus parle de la joie et du bonheur auxquels a part celui qui le trouve définitivement. C’est nécessairement un défi que nous avons à relever aujourd’hui encore. Comment avoir la certitude d’avoir retrouvé le Jésus qui nous fait demeurer dans l’amour du Père ? Avons-nous cessé de scruter inutilement dans le ciel l’image qui s’évanouit de nos évidences, pour aller sur les chemins du monde re-scucité à la vie de Dieu tous nos frères et sœurs, quelles que soient leurs traditions de foi ? Voilà un défi que nous a laissé l’Ascension. Et que nous n’avons peut-être pas encore vraiment relevé.
P. Edgar AHANDA

jeudi 21 mai
L'Ascension
méditation : évangile de St Matthieu 28, 16-20


L’Évangile de St Matthieu se termine par cette rencontre du Christ ressuscité avec ses disciples. Pour cette rencontre Jésus les attend à l’écart, sur la montagne, pas au milieu des foules ou dans un temple. C’est dans l’intimité et le silence que cette dernière rencontre du Christ et de ses apôtres a lieu.
Ce n’est pas la première fois que l’Évangile nous parle de Jésus se retirant à l’écart avant les grands événements de sa vie terrestre. C’est le cas au désert avant de débuter son ministère, c’est également le cas au mont des Oliviers la veille de sa mort par exemple. Dans ces moments le Christ quitte l’action pour réfléchir à sa mission ou pour prier son Père.
Ici aussi c’est une étape importante, celle de l’envoi en mission des disciples. Ici aussi, c’est à l’écart et dans le silence qu’il va rencontrer ses disciples pour leur confier leur mission : « Allez, de toutes les nations faîtes des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. » Il faut aux disciples, comme à nous aujourd’hui, ce temps de silence, de recueillement pour recevoir le message d’amour du Christ et pouvoir le porter à nos frères. Alors sachons de temps en temps nous arrêter, prendre le temps d’une rencontre avec Dieu, dans le calme et le silence, pour mieux repartir porter la bonne parole. Et pour cela, il l’a promis à ses disciples : Jésus est avec nous jusqu’à la fin des temps.
André GUIFFROY

mercredi 20 mai
Méditation Ac 17,15-22 à 18,1 Jn16, 12-15


Dans les Actes des apôtres, nous continuons de suivre Paul dans son parcours missionnaire. Aujourd’hui, nous le découvrons à Athènes où il trouve un autel dédié au dieu inconnu. Alors, il dit aux Athéniens que ce dieu inconnu, il l’a rencontré et il vient l’annoncer. « Dieu a fait le monde, il a fait le ciel et la terre,….C’est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être… »
Ici, à Lomme, Lille, Sequedin,…dans la vie « normale » que nous retrouvons un peu à la fois, nous rencontrons des amis, des voisins, des collègues, des inconnus aussi, et nous pouvons être des disciples-missionnaires à notre façon en osant dire ce que nous connaissons de Dieu. « Dieu a fait les hommes pour qu’ils le cherchent…. » dit St Paul ; et c’est peut-être par cela qu’il faut commencer. Dire que nous continuons de chercher Dieu, oser dire que nous ne sommes pas enfermés dans des vérités toutes faites et figées. Dieu se donne à découvrir à travers Jésus, notre guide, notre Seigneur. Et nous n’aurons jamais fini cette recherche-découverte. D’ailleurs l’une des hymnes de la prière de l’Eglise nous fait chanter « Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?…Qui donc est Dieu s’il faut pour le trouver un cœur de pauvre ? Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ?... »
Pendant le confinement, j’ai écouté quelques homélies du pape François. Dans l’une d’elles, il racontait qu’un jour une femme lui disait avoir converti plusieurs personnes. Et il ajoutait : « Ce n’est pas cette femme qui a converti ces nouveaux croyants ; c’est l’Esprit Saint qui les a transformés. L’œuvre de cette dame a simplement été de prier et témoigner. »
Me voilà donc encore invité à prier, à invoquer l’Esprit Saint, pour vivre debout, les yeux fixés sur Jésus, dans la confiance en la vie et dans l’amour du prochain. Me voilà aussi invité à témoigner de ma Foi par une vie humble et libre (la douceur et le respect dont St Pierre parlait dans sa lettre dimanche dernier)
Dans l’une des rencontres que j’ai vécues un jour place St Charles, une jeune femme me disait « Comment peux-tu me dire que tu es libre, alors que tu es dans l’Eglise ? » Cette question, je ne peux l’oublier. La liberté, quel mot piège ! Aux JMJ de 1997, un chrétien irakien disait ceci :« Vous en Occident, vous cherchez la liberté donnée par les biens matériels, nous chrétiens d’Irak, nous cherchons la liberté intérieure donnée par l’Esprit » L’Eglise est au service de cette effusion de l’Esprit. Elle ne doit pas être un système rigide et fermé mais un lieu d’accueil et de joie partagée.
Etienne Samarcq, Diacre.

mardi 19 mai


L'évangile de ce jour est extrait du dernier entretien de Jésus avec ses disciples où il leur annonce sa mort prochaine.
Ce qui m'a semblé important, c'est le décalage entre la tristesse des disciples qui sont tournés vers le passé, regrettant les moments enthousiasmants qu'ils ont vécus avec Jésus et son regard tourné, vers l'avenir, "personne de vous ne me demande ou vas-tu? … je vais au Père“.
Il continue en leur ouvrant un nouvel horizon: le Paraclet va venir en vous. Avec ce terme grec Jean veut dire que l'Esprit de vérité, est aussi le défenseur (sens du terme grec Paraclet) des disciples dans cette nouvelle étape de leur vie. Il leur adresse ainsi deux messages: demain c'est à vous qu'il appartiendra de diffuser le message du Royaume de Dieu car mon esprit va vous remplir; mais aussi, vous ne serez pas abandonnés face à cette tache que je vous confie.
Le texte des Actes fait écho à ce message. Paul et Silas portent le message de Jésus, et l'Esprit se manifeste pour les soutenir dans cette aventure.
Comme les apôtres, nous sommes spontanément, d'abord, marqués par l'absence de Jésus, c'est donc aussi pour nous qu'il parle : tournez-vous vers l'avenir. Jésus nous a confié la responsabilité d'annoncer aujourd'hui la Bonne Nouvelle: le royaume de Dieu s'est approché, “il est au milieu de vous.“ (Luc, 17-21). Et il nous envoie l'Esprit pour nous aider à discerner le contenu de notre mission, car elle prend des formes différentes pour chacun. Mais aussi pour nous protéger,face aux obstacles que nos rencontrons. Ce sont parfois des persécutions, encore aujourd'hui, mais le plus souvent, nous faisons face à des jugements, plus ou moins explicites, agressifs, négatifs, méprisants ou simplement incompréhensifs. Restons donc attentifs à l'Esprit saint, quel que soit le moyen par lequel Il nous parle, l'Ecriture, la prière ou la parole de nos frères.
Pascal Deren.

Lundi 18 Mai
Méditation Ac 16,11-15 et Jn 15,26 -16,4a


En ce temps de Pâques qui nous mène dans quinze jours à la Pentecôte, les textes nous rapportent comment le don de l’Esprit Saint promis par Jésus va rendre les apôtres capables de devenir des disciples missionnaires. Paul et Timothée iront dans cette lecture de Troas à Philippes pour annoncer la bonne nouvelle.
Ils sont donc en mission dans cette ville qu’ils ne connaissent pas encore et ils essaient, le jour du sabbat, de trouver un lieu de prière : lieu de rassemblement des juifs, afin de leur annoncer la Bonne nouvelle. En fait, ils rencontrent là, tout un groupe de femmes dont une en particulier. « L’une d’elles, nommée Lydie, négociante en étoffes de pourpre, originaire de la ville de Thyatire, et, qui adorait le Dieu unique, écoutait. Le Seigneur lui ouvrit l’Esprit pour la rendre attentive à ce que disait Paul …
Lydie se fait attentive à la parole, elle demande le baptême. Jusque-là tout est normal dans la mission ; mais ce qui est intéressant dans ce texte, c’est la demande de cette femme : « Puisque vous avez reconnu ma foi au Seigneur, venez donc dans ma maison pour y demeurer. »
Lydie m’impressionne : instantanément, elle vit sa foi. L’Eglise pour elle, ce n’est pas seulement un groupe de personnes qui pensent ou qui croient à la même chose ; l’Eglise c’est avant tout un groupe de frères et de sœurs qui s’accueillent et s’entraident. C’est au nom du Christ qu’elle les accueille! Et c’est au nom du Christ que Paul et son compagnon acceptent : « Nous avons été forcés d’accepter». On sait en effet, par ailleurs, que Paul mettait un point d’honneur à subvenir à ses besoins par le travail. Donc ici aussi, ils veulent vivre simplement et annoncer Jésus, mais devant Lydie qui les invite au nom du Christ, ils acceptent l’invitation comme une grâce du ciel, et la grâce de Dieu ne se refuse pas !
Et nous, chrétiens et simples fidèles ? Quel est notre accueil des serviteurs de Dieu ? Lydie, nous invite aujourd’hui à regarder au fond de notre cœur !
Dans ce passage de l’évangile, Jésus promet de leur envoyer le Saint Esprit, « le Défenseur » après son départ. En attestant ce qui est vrai, le travail de l’Esprit Saint confirme la vie et l’amour de Jésus. Nous entendons le paradoxe où, au nom de Dieu, pour lui plaire, on vous tuera. « Bien plus, l’heure viendra où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » Jésus nous demande de nous souvenir de ce paradoxe.
De tout temps, l’homme a fait des choses terribles au nom de Dieu. Mais Jésus nous assure que ceux qui agissent ainsi sont dans l’erreur car la manière d’être de Dieu est toujours l’amour. Dans notre prière, demandons à Dieu de mieux le connaître pour ne pas faire les mêmes erreurs. Nous prions pour ceux qui agissent sans amour et pensent plaire à Dieu.
Fortifie-moi par ton esprit, si bien que ma vie et mes paroles puissent témoigner de toi : tu es un Dieu amour.
Danièle AMEDRO

dimanche 17 mai


« L’Esprit de vérité […] demeure auprès de vous [...] il est en vous » (Jn 14, 16...17)

La liturgie de ce dimanche nous rappelle que la vie et la mission de tout disciple doivent avoir comme fondement l’esprit de la vie que Jésus a lui-même menée. C’est ce que dévoile l’extrait de son testament livré dans l’évangile de ce jour (Jn 14, 15-21). Le disciple doit prioritairement servir et susciter la vie pour tout être humain : c’est le devoir de la charité active et concrète. En raison du découragement que peut entraîner la perspective des limites personnelles, Jésus rappelle à tous ses disciples que Dieu leur garantit un précieux secours : l’Esprit-Saint. L’ouverture à cet Esprit les disposera à reconnaître la vérité et à mobiliser les ressources nécessaires pour coopérer à l’œuvre de Dieu sans grave faillite. L’originalité de cet enseignement est dans l’affirmation de l’actualité de ce don. La portée du verbe « demeurer » laisse penser que Dieu n’attend vraisemblablement pas un temps particulier pour réaliser son œuvre.
En déclarant que l’Esprit est et demeure en eux, Jésus semble affirmer la disponibilité de l’Esprit au cœur de l’histoire actuelle de l’humanité. Il dévoile ainsi la perspective d’une reconnaissance de l’œuvre de Dieu déjà en cours au cœur du monde. L’affirmation de la communion profonde entre le Père et lui débouche sur celle de la communion de tous ses frères et sœurs aux arrhes de la vie divine à travers sa personne et sa vie : « vous êtes en moi, et moi en vous... ». C’est aussi la portée du mystère de l’Incarnation : Jésus est la présence de Dieu lui-même dans l’historicité de sa création. Cela explique pourquoi il recommande à ses disciples de demeurer fidèles à ses préceptes. Ils manifesteront leur assimilation de sa vie en honorant ses enseignements et conseils. Telle est l’essence de la mission propre au disciple. Tout le monde ne parvenant pas à reconnaître les dons que Dieu fait et à répondre à son appel, le disciple, lui, coopèrera à la réalisation de l’œuvre éternelle du salut en aimant comme Dieu aime.
La théologie de la deuxième lecture reprend ce thème de la fidélité à Jésus (1P 3, 15-18). Tous les disciples sont conviés à tenir Jésus pour « le seul saint », principe inégalé de l’engagement vis-à-vis de Dieu, modèle de fidélité et de confiance. Face aux alternatives, ils doivent tenir ferme leur engagement, garder douceur et respect face à tous, et assurance en la part de fidélité de Dieu. C’est une telle fidélité qui garderait droite la conscience humaine. À l’exemple de Jésus, ni épreuves ni persécutions ne peuvent ébranler une telle confiance. Par sa vie, Jésus a donc profilé le Chemin de tout homme pour la communion éternelle avec Dieu.
La première lecture (Ac 8, 5…17) propose la figure de Philippe comme exemple de disciple de Jésus. Précédemment consacré au ministère des tables dans la communauté des disciples à Jérusalem, Philippe se retrouve à prêcher la Bonne Nouvelle en terre samaritaine. Le narrateur relève que le Seigneur lui-même était avec lui, accomplissant « de nombreux signes par sa main », et suscitant de nombreux disciples. Philippe se retrouve à exercer en Samarie un ministère auquel il n’avait pas été consacré à Jérusalem. Cela s’explique par l’implosion de la communauté de Jérusalem, sous la poussée du nombre et des divergences culturelles, comme la première lecture en rendait compte dimanche dernier. Au-delà de Philippe et d’Étienne, le dynamisme ministériel des « Sept » de Jérusalem se révèle très éclairant concernant la liberté avec laquelle l’Esprit de Dieu investit la vie des disciples d’un contexte à un autre. L’imposition des mains de Pierre et de Jean honore la communion nécessaire entre les communautés. Le protocole de procession de l’Esprit-Saint, lui, nécessiterait d’être mieux éclairé face à la disponibilité que suggère le fond du discours de Jésus dans l’évangile.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, nous devons sans doute discerner avec d’avantage d’humilité ce que l’Esprit nous dit de l’œuvre de Dieu. Il la révèle souverainement dans la diversité des besoins, des pratiques, des époques, des contextes, des communautés, des personnes mêmes. Nous ne devons pas oublier la liberté, la flexibilité, et l’ouverture, que manifeste Jésus contre toute prétention de monopoliser la grâce et le salut. Au cœur de la crise du Covid-19, l’Esprit nous fait sans doute aussi des signes. Il nous faut réussir à bien les lire.
P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA

samedi 16 mai
méditation : Jean, 15, 18-21


Nous entendions hier dans l’évangile du jour cet appel à aimer, commandement, testament fondamental de Jésus, laissé à ses disciples : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Aujourd’hui, non sans rapport, sa parole est plus sombre : « Si le monde a de la haine contre vous … » Jésus prévient que le message d’amour qu’il commande sera incompris et que les disciples seront haïs par le monde. L’évangile de Jean, achevé certainement à la fin du premier siècle, rapporte ces paroles dans un véritable contexte de persécution dans le monde juif comme dans le monde romain.
Le commandement de l’amour vécu dans l’extrême entraîne l’incompréhension de certains. Hier comme aujourd’hui. Lorsque l’Eglise promeut le respect de la vie de la conception à la fin de vie, au nom de l’amour des plus fragiles (et comme toute décision morale, au cœur de la complexité du réel), lorsque le pape François appelle à l’accueil des migrants, ce message rencontre des adversités au nom d’une autre conception de la vie humaine imprégnée d’égoïsme ...
Comme chrétiens, catholiques, nous ne pouvons imposer au monde nos convictions nées et nourries de l’Evangile … Néanmoins, nous pouvons et devons témoigner de la grandeur de l’amour universel. Difficile, exigeante mission confiée par le Christ : « Je vous ai choisis en vous prenant dans le monde … »
Le « Maître » a rencontré l’adversité jusqu’à mourir sur une croix. Acceptons, nous les serviteurs de l’Evangile, les tensions dans les débats qui rythment notre société démocratique. Notre meilleur argument : une qualité de vie imprégnée d’Evangile … C’est un défi pas toujours tenu, nous le savons ô combien !, mais indispensable pour la crédibilité du message évangélique …
P. Laurent Dubrulle

vendredi 15 mai
Méditation, Jean, 15, 12-17


« Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » Voilà, tout est dit en deux phrases. Le mystère de l’incarnation vient d’être dévoilé.
Car l’une des grandes questions est de se demander pourquoi Dieu s’est incarné (il est vain et parfaitement inutile de se demander comment). Pourquoi le Créateur a-t-il pris la forme de sa créature ? Il semble pourtant qu’il y ait une distance infinie entre Dieu et sa création et nos représentations de Dieu en font le « Très-Haut », celui qui est « Tout Autre » au point qu’il ne peut être nommé. Nommer Dieu, lui donner un nom, c’est réduire le « Tout Autre » à ce que l’homme peut en dire, c’est l’enfermer dans notre parole, c’est en faire un propos bien humain. Dieu est Celui que je ne peux nommer, Celui que je ne peux penser, Celui que je ne peux approcher et enfin et surtout Celui avec qui je ne peux entrer en dialogue, car la Parole de Dieu étant la parole du « Tout Autre », c’est une parole tout autre que la mienne, une parole incompréhensible donc… Il est donc impossible que le Dieu Tout puissant, Tout Connaissant puisse s’incarner…
Et pourtant… Il l’a fait. Pendant l’eucharistie, lorsque l’eau est versé dans le vin du calice, une belle prière est prononcée par celui qui le fait : « Comme cette eau se mêle au vin, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. ». Le projet de Dieu n’est plus mystérieux : il s’agit pour l’homme de se diviniser parce qu’en prenant forme de sa créature, Dieu l’a divinisée en Jésus. Le Christ nous a fait connaître ce que le Père lui a dit. Toute femme et tout homme est bien plus grand qu’il ne le pense. Nous sommes toutes et tous capables de devenir une femme accomplie ou un homme accompli. Parce que nous sommes faits à l’image de Dieu, nous avons cette nature divine qui n’est autre que de vivre pleinement notre belle humanité. Oui, le Christ est venu nous rappeler le projet de Dieu pour chacun de nous. Ce projet n’est pas de nous enfermer dans notre péché, de nous humilier en nous mettant devant notre nez tout le mal dont nous sommes capables. Nous ne sommes pas des serviteurs-esclaves du bon vouloir de notre maître Dieu tout puissant qui peut nous réduire en poussière. Le Christ nous le dit dans ce bel évangile. Nous ne sommes pas des serviteurs, mais des amis de Dieu. Un ami est celui avec qui on partage des belles tranches de vie, il est celui qui nous écoute, celui à qui on parle, il ne se cache pas. Un ami est toujours là, auprès de nous… Telle est aussi l’amitié du Dieu-ami pour nous.
C’est un Dieu bien étrange, ce Dieu qui n’a qu’une seule obsession au point de donner sa vie pour nous : que chaque femme, chaque homme puisse vivre pleinement, totalement ce qu’il ou elle est.
Oui, c’est une Bonne Nouvelle que nous annonce l’Evangile !
O.Antoine, Diacre

jeudi 14 mai
Méditation, fête de St Matthias, Jean, 15, 9-17


Dans l’évangile d’aujourd’hui, je m’arrête sur trois expressions.
- « Vous êtes mes amis ». Le mot « ami » s’oppose ici à celui de « serviteurs » ; alors, nous rendons-nous bien compte de l’honneur qui nous est fait d’être amis de Jésus -Jésus que nous reconnaissons comme Fils de Dieu ? Donc, Dieu nous considère comme des amis. Non pas des subalternes, qui doivent être soumis et rendre des comptes ; non, des partenaires en quelque sorte, responsables avec Lui de la vie du monde, de l’ensemble de la création. En cette pandémie qui nous bouleverse tant, demandons conseil à notre ami, mais aussi retroussons nos manches, car notre ami compte sur nous !
- « Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Donc Jésus ne nous donne qu’un seul commandement, alors que dans l’Ancien Testament, il y en a au moins dix… Mais rappelons-nous l’évangile de Matthieu : « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi…, mais l’accomplir » (Mt 5, 17). Oui, l’amour est l’accomplissement, le couronnement oserais-je dire, de la Loi. Je pense notamment à ces attitudes que nous avons tous à un degré plus ou moins grand selon notre caractère et les circonstances, de nous adresser aux autres un peu comme à des machines ; j’en ai parfois souffert dans mon métier d’enseignant : certains parents voulaient que j’évalue leur enfant -mais autour de cela parler d’autres choses, non, c’était du temps perdu, j’étais là pour délivrer des statistiques et rien d’autre. A d’autres niveaux, et particulièrement en cette période, n’assiste-t-on pas à une généralisation du « Y a qu’à », « Ils n’ont qu’à » ? Sans prendre notre personnel politique pour des saints ou des intouchables, n’avons-nous pas tendance à rejeter sur lui tout ce qui ne va pas ? Oui, la loi est nécessaire, mais comme disait déjà le sage Montesquieu, il y a un « esprit des lois », et l’amour est cet esprit, cette fleur toujours renaissante qui donne un sens profond à tous nos actes, qui autrement ne seraient que des réponses sans doute disciplinées, mais « bêtes » au fond, n’ayant que l’allure d’actes mécaniques.
- « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Sans doute en retenant cette phrase, l’évangéliste pensait à la vie physiquement donnée, autrement dit le martyre. Oui, l’amour peut aller jusque-là. Quoi qu’il en soit, l’insistance est mise sur le don, le geste fait pour l’autre, pour les autres. Il ne s’agit pas de se faire mal, de renoncer à notre « ego » comme si c’était un péché, mais de se soucier d’abord du bien de l’autre, car c’est quand on voit l’autre grandir qu’on grandit soi-même. L’amour est un sentiment, lorsqu’il est partagé il nous nourrit entièrement, même au plan physique ; mais l’amour nécessite aussi de la réflexion, pour savoir où est le bien de l’autre ; et de la volonté, pour mettre en action ce qu’on a perçu comme étant bien pour l’autre. Il n’y a pas d’autre façon de vivre l’amour de Dieu Lui-même.
Patrice Maincent

mercredi 13 mai


Il est bon, après la méditation de textes très denses dans l’évangile de Jean depuis quelques semaines d’accueillir des images pour illustrer notre relation à Dieu, notre relation au Christ Jésus.
Images de la vigne, du vigneron, des sarments. Mémorisons ces images qui nous donnent à croire, qui nous donnent à vivre une intimité avec Jésus ressuscité : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments ».
Ainsi donc sommes-nous attachés au Christ, ‘greffés’ à lui comme le sont les sarments au corps de la vigne ; ainsi donc sommes-nous nourris de la sève qui naît du corps de la vigne pour irriguer tous les sarments et les aider à porter des fruits … Laissons ces images stimuler nos esprits et nos cœurs pour déchiffrer notre relation à Jésus ressuscité …
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron ». Par cette image, l’évangile nous avertit aussi : « Tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage ». Que veut dire l’évangile en évoquant des « tailles qui purifient » ? La vie spirituelle n’est pas un long fleuve tranquille ; les obstacles sont l’occasion de creuser notre relation au Seigneur, de purifier notre prière de demande, de renouveler notre prière de louange … Laissons parler ces images, 'demeurons' avec elles ... Elles communiquent des mots pour relire et peut-être approfondir notre vie de foi …
P. Laurent Dubrulle

Mardi 12 mai
Méditation Jn 14, 27-31a et Ac 14,19-28

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. » Voilà ce que nous dit Jésus aujourd’hui. Cette phrase suit cette autre phrase lue hier : « Le défenseur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout…. » Dans sa lettre aux Galates, Paul parle des fruits de l’Esprit : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maitrise de soi. Oh que nous avons besoin de faire fructifier en nous ces dons de l’Esprit ! Et singulièrement la paix.
La paix, c’est la paix intérieure, la paix de l’âme, la confiance en Dieu qui habitait Paul et Barnabé malgré l’hostilité des habitants de Lystres. Persécutés, ils s’enfuient et continuent de proclamer la Bonne Nouvelle dans une ville voisine. Je ne sais si vous avez lu le témoignage d’Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise, qui a vécu 10 ans en prison dans son pays car elle était accusée de blasphème. Elle avait même été condamnée à mort et, finalement graciée, elle est maintenant réfugiée au Canada. Cette paix, elle l’a profondément dans le cœur. Impressionnant !
A la messe, après la consécration, après la venue du Christ parmi nous sous la forme du pain et du vin, nous recevons sa paix. « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous » Et nous sommes invités à la partager, par un geste, une parole. Je sais que certains n’aiment pas ce moment. Et pourtant il est important car il mouille chacun de nous. La paix, nous la recevons et nous sommes invités à la transmettre. Que faisons-nous de cette paix ? Et puis, à la fin de la messe, nous sommes invités à « aller dans la paix du Christ ». Nous repartons dans notre monde qui est dangereux car de nombreux virus y cohabitent : l’égoïsme, l’argent, le goût du pouvoir, l’indifférence….
Aujourd’hui, Jésus attire notre attention sur la paix qu’il nous donne et sur notre défenseur, l’Esprit Saint. Prions pour continuer de faire fructifier en nous et autour de nous ce don de Jésus….
Etienne Samarcq, diacre

Lundi 11 mai
Méditation
L’évangile de ce jour poursuit l’extrait entendu ce dimanche (Jn 14, 1-12). Après Thomas et Philippe, un troisième disciple, Jude, interroge Jésus et nous aide à approfondir notre vie de foi : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »
Dans la narration de l’évangile, nous sommes avant Pâques, et le disciple d’avant Pâques ne comprend pas encore qu’il puisse y avoir un autre mode d’existence du Christ appelant un autre mode d’action de sa Parole. Jésus s’est manifesté au monde sur les routes et dans les villes et villages de Galilée, de Judée … Depuis sa résurrection, il a disparu des « yeux de chair » … Il faut désormais accueillir sa manifestation avec les « oreilles du cœur », une sensibilité spirituelle.
Celle-ci commence par la réception des « commandements », comprenons des paroles de Jésus (le mot ‘commandement’ fait songer au mot hébreu « torah » qui originairement signifie : instruction). La réception des « commandements » appelle à les « garder », à les méditer, à les laisser « demeurer » en nous pour reprendre un mot familier de l’évangile de Jean … Relisons peut-être la parabole du semeur dans l’évangile de Marc (4, 3-20) qui insiste à travailler notre terre intérieure, d’enlever les pierres et les ronces afin que la Parole puisse porter des fruits …
Un tel accueil de la Parole ouvre à une histoire d’amour : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai » ! Une histoire d’amour trop grande à vivre pour nous ?! Heureusement, Jésus promet « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom », l’Esprit Saint qui, au plus profond de nous, imperceptiblement, nous aidera à « garder » la Parole, à nous « souvenir » …
En ce temps de Pâques, nous contemplons l’œuvre d’un Dieu trinité qui désire établir en chacun.e d’entre nous sa demeure et vivre l’histoire d’alliance promise à nos Pères dans la foi …
P. Laurent Dubrulle

Écoute la voix du Seigneur,
Prête l'oreille de ton cœur.
Qui que tu sois, ton Dieu t'appelle,
Qui que tu sois, il est ton Père.

Toi qui aimes la vie, ô toi qui veux le bonheur,
Réponds en fidèle ouvrier de sa très douce volonté,
Réponds en fidèle ouvrier de l'Evangile et de sa paix.

Écoute la voix du Seigneur,
Prête l'oreille de ton cœur.
Tu entendras que Dieu fait grâce,
Tu entendras l'Esprit d'audace.

Dimanche 10 mai
« Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes » (Jn 14, 12)

Les textes de ce dimanche décrivent deux tournants décisifs dans l’histoire du ministère de Jésus et celui de ses disciples.
L’évangile (Jn 14, 1-12) s’ouvre sur le choc vécu par les disciples lorsqu’au travers des paroles de Jésus, ils se rendent compte que celui-ci ne correspond pas au portrait-robot du Messie qu’ils avaient assimilé de la tradition de leur foi. Jésus les appelle alors à dépasser les bouleversements qu’ils ne font que commencer à vivre, et à garder plutôt un minimum de lucidité dans la confiance en la fidélité de Dieu : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». À Philippe qui ne demandait qu’à voir le Père dans l’immédiat, Jésus répond que les œuvres qu’il a accomplies témoignent de sa communion profonde avec Dieu. Il signifie en même temps que cette communion est disponible pour quiconque comprendrait son message et sa vie. En répondant à Thomas : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie », il livrait alors une précieuse clé de lecture de sa vie et de son ministère.
Cette description peut en effet être rapprochée de celles des précédents dimanches où il se présentait comme « le bon berger », ou encore « la porte des brebis ». Par ces métaphores, Jésus décrit le rôle tout particulier qu’il assume dans le projet que Dieu a pour tous ses enfants : « que tous aient la vie en abondance ». Sa propre personne, ses paroles, et la trajectoire de sa propre vie font écho à la signification de son nom : Emmanuel (Dieu avec nous !). Jésus révèle donc que dans sa personne et dans sa vie, c’est Dieu lui-même qui dévoile à notre humanité le chemin que nous sommes appelés à arpenter pour communier à sa vie. Le Père dévoile ainsi la vérité sur le sens de notre existence, et aussi notre destinée originale.
Ces déclarations ont surtout une portée pour ses disciples de tout temps. Jésus nous appelle tous à reconnaître que Dieu est déjà présent et à l’œuvre au cœur de notre vie quotidienne. Il n’est pas à projeter exclusivement hors du temps et de l’histoire. Il est déjà toujours au milieu de nous, agissant par sa Parole et par son Esprit qui féconde toute chose d’amour divin. Les œuvres de miséricorde et de charité témoignent ainsi, selon Jésus, de l’effectivité de la geste de Dieu au sein de la création.
La seconde crise est décrite dans la première lecture (Ac 6, 1-7). À la faveur de l’augmentation exponentielle du nombre de disciples, instincts et dispositions naturelles font surgir des injustices dans le fonctionnement quotidien. La charité communautaire se trouve intimement blessée par des discriminations identitaires. Les apôtres comprennent alors que d’autres défis les obligent à redistribuer les responsabilités pour une régulation de la justice et du bonheur de tous dans la communauté. C’est ainsi que sont institués « les Sept », préposés au juste partage du repas quotidien. Les apôtres les font choisir par l’assemblée selon le critère d’intégrité morale. Tous prient alors avec les apôtres, invoquant l’éclairage de l’Esprit-Saint sur ces nouveaux ministres de la charité communautaire.
Les apôtres, les Sept, et tous les autres disciples sont tous concernés par l’appel à être ces « pierres vivantes » dont parle la deuxième lecture (1P 2, 4-9). La solidité qui caractérise la pierre dans la construction et pour la résistance des bâtisses humaines est sans doute le sens symbolique dominant dans cette perspective. Être une « pierre vivante » est ainsi un appel à travailler durement pour que le projet de Dieu trouve en nous un encrage solide et durable. Pour cela, prise de conscience et engagement personnel en toute confiance en l’effet de la grâce de Dieu sont nécessaires. Si, selon Pierre, Dieu a choisi les croyants, il est sans doute encore plus juste de considérer qu’il a choisi tous les hommes. Il les sanctifies, et il en fait son peuple. Il donne sa Parole pour cela, et les appelle tous à laisser cette dernière les guider vers la vie. Voilà qui donne donc sens à la déclaration déroutante de Jésus selon laquelle ses disciples pourront accomplir des œuvres « plus grandes » que lui.
Face à nos deux crises, une attitude de sagesse se dégage donc comme solution inspirée. Précieuse et révolutionnaire, les propos de Jésus concernant les œuvres que nous accomplissons devrait féconder notre sortie progressive du confinement.
P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA

Samedi 9 mai
Méditation sur le Psaume 97 (98).

« Le Seigneur a fait connaître sa victoire, et révélé sa justice aux nations ».
Mais de quelle victoire s’agit-il ? Victoire contre qui victoire contre quoi ? Et de quelle justice s’agit il ? Nous croyons que Dieu s’est révélé. Il s’est révélé depuis Abraham, il s’est révélé par les prophètes et il s’est révélé en Jésus, le Fils. Il n’a jamais été le Dieu caché, le Dieu muet. Le Tout- Puissant, le Très-Haut, le Créateur de toute chose n’a cessé de vouloir quitter sa hauteur pour venir se mettre au niveau de sa créature.
Déjà les dieux polythéistes, par exemple les dieux de la mythologie grecque, quittaient le panthéon, pour venir au milieu des humains, mais la raison de leur visite était tout autre que celle de du Dieu qui se révèle. S’ils venaient sur terre, c’était pour se jouer des mortels et parfois séduire de belles mortelles. Dans l’imaginaire polythéiste, la venue d’un dieu n’était jamais de bon augure. Les dieux se réjouissaient des malheurs qu’ils causaient aux humains. Il fallait conjurer le mauvais sort qu’ils infligeaient aux hommes. D’où la tradition des sacrifices pour apaiser la colère des dieux.
C’est ici que la particularité du Dieu révélé se montre dans tout son éclat. Notre Dieu révélé est un Dieu qui nous veut du bien. C’est la raison pour laquelle notre Dieu est un Dieu-Père, c’est-à-dire qu’il révèle ce qu’il est, il montre qu’il possède toutes les attentions d’une mère et d’un père pour son enfant. Le Dieu révélé met fin à cette tradition antique d’un Dieu terrible, vengeur, porteur de mort pour celui ou celle qui l’approche. Un Dieu hostile à l’humain et à ses désirs propres. Un Dieu ennemi ne notre liberté. Ce Dieu là qui fera dire à Sartre, reprenant l’expression de Dostoïevski : « Si Dieu est mort, alors tout est permis ». Oui, notre liberté passe nécessairement par la négation de Dieu. Mais la révélation de Dieu en Jésus bouleverse radicalement cette représentation d’un Dieu jaloux et méchant. En Jésus, Dieu montre que, par amour pour l’humanité, il est capable de s’abaisser jusqu’à l’humiliation de la croix et d’aller à la mort par amour des hommes.
La résurrection de Jésus, sans laquelle notre foi serait vaine, affirme la victoire du Seigneur contre les forces de mort, contre les forces de destruction, contre les forces du désespoir.
L’entêtement de notre Dieu à insister dans la révélation qu’il est un Dieu d’amour et qu’il ne veut que le bien de l’humanité montre ce qu’est la justice de Dieu : un ajustement à l’amour qu’il révèle pour les hommes.
Alors oui : Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles. Acclamez le Seigneur terre entière, sonnez, chantez, jouez !.
O.Antoine, Diacre

vendredi 8 mai
Méditation Jean 14,1-6 Actes des Apôtres 13, 26-33

Dans l’évangile de ce jour, Jésus poursuit son discours qui vise à rassurer ses disciples tout bouleversés par les événements qu’il leur annonce. Héritiers de leurs pères, ils espéraient une libération triomphale. Alors qu’ils espéraient qu’il fut le messie, il leur annonce qu’il est « le chemin, la vérité, et la vie », et que c’est par la mort qu’il leur rendra leur liberté. Nous devons reconnaître combien il est difficile pour eux de décoder le sens de ces déclarations et de devoir revoir les croyances de leurs pères. Le témoignage de Paul dans la première lecture le dénote suffisamment bien.
Alors que la promesse de Dieu s’accomplissait pleinement entre leurs mains, « Les habitants de Jérusalem et leurs chefs » n’ont pas été assez lucides pour reconnaître ce qu’ils lisaient pourtant dans la Loi et les prophètes chaque sabbat. Transfuge de ces fondamentalistes de la Loi à la lettre, Paul lui-même, dont on suivra désormais l’engagement dans la mission auprès des non-Juifs, avait précédemment combattu les disciples de Jésus avec fougue et passion. Il était alors persuadé qu’ils blasphémaient. C’est face à tous ces défis que Jésus appelle ses disciples à veiller à garder un minimum de lucidité en se souvenant de la fidélité de Dieu et en puisant dans leur tradition de foi pour passer les turbulences qui ont commencé.
Ces faits sont encore actuels. Nous avons besoin, en ce moment, de dépasser tous les bouleversements causés par la pandémie inédite du Covid-19. Nous avons besoin de rester lucides, afin de discerner à sa juste mesure l’œuvre que Dieu accomplit en ces temps troubles. Car, Il n’est ni en arrêt ni au chômage. Suivons Jésus qui nous entraine vers Lui sur le chemin de la vie.

P. Edgar AHANDA

jeudi 7 mai
« Grandeur et humilité du disciple » : tel pourrait être le titre de notre extrait d’Evangile. Humilité tout d’abord : « un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie ». Le disciple est serviteur d’une présence qui le dépasse : celle de son Seigneur, Présence qui interpelle, relève, apaise … Un « simple serviteur » selon une expression dans l’évangile de Luc (17, 10), quelconque … mais utile. Grandeur du disciple : « Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé ». Le Seigneur s’est choisi des ambassadeurs à qui il confie la mission de représenter, de médiatiser sa Présence ! Cette mission nous est à toutes et à tous confiée. Rappelons-nous les paroles dites un jour de baptême lors de l’onction : deviens prêtre, prophète et roi (reine) avec le Seigneur !
Une condition ? Un contact régulier avec l’Ecriture. Dans l’évangile, Jésus s’y réfère pour déchiffrer sa propre mission … Dans l’extrait des Actes des Apôtres, nous avons une longue relecture de l’histoire sainte par saint Paul pour annoncer l’actualité du salut de Dieu apporté par Jésus. Ce temps de confinement fut peut-être un moment favorable pour (re)découvrir le trésor de l’Ecriture, écrin de la Parole de Dieu, Parole vivante … qu’il faut incarner dans nos vies, nos rencontres, nos partages … La mission est grande ; elle demande de l’humilité. Elle ne fait que (re)commencer chaque jour …
L.Dubrulle

mercredi 6 mai
Méditation Jn12,44-50

« Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en Celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit, voit Celui qui m’a envoyé. » On ne peut pas dire que ces propos soient très compliqués ! Jésus dit : « Regardez-moi, écoutez-moi, suivez-moi, c’est comme cela que vous connaîtrez Dieu, c’est comme cela que vous irez vers Lui. » Et pourtant, c’est cette simplicité qui est la principale source de conflit, c’est cette simplicité que les Pharisiens ne peuvent pas supporter, et c’est cette simplicité qui va conduire Jésus à son procès… Ce qui embête les Pharisiens, c’est que cette simplicité de Jésus détourne les gens de leur pouvoir, de toute la structure qui permet de contrôler la population : plus de vraies règles, plus de menaces de condamnation ; l’ordre, la hiérarchie sont mis en question… Le prêtre qui m’a appelé au diaconat m’a dit un jour : « Patrice, pouvons-nous dire que le christianisme est une religion ? » Cette question m’a longtemps perturbé, mais c’est vrai, quand on regarde les choses objectivement, ce qu’on peut dire de Jésus c’est qu’il était Juif, et il n’est jamais venu dire : « Allez, on va changer tout ça, je vais créer une nouvelle religion, ce sera le christianisme ! » Pour être moins provocateur, je dirais que de ce point de vue, Jésus est venu essayer de nous défaire de nos représentations de Dieu comme un Etre vengeur, sorte de père fouettard qui nous attend au tournant pour nous punir de nos fautes : « Je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver », dit-il dans notre page d’évangile ; et d’expliquer ensuite qu’au fond, si nous nous perdons, c’est de notre propre faute, notre condamnation éventuelle ne vient pas d’abord de Dieu, mais de nous-mêmes, de nos propres choix : quelle responsabilité nous est donnée, mais en même temps, quel honneur, et quelle grandeur Dieu donne à l’être humain, sa créature ! La période de confinement que nous vivons nous éloigne notamment des célébrations, de ce qu’en termes de « religion » on appelle « le culte ». C’est une période difficile, car nous avons besoin de vivre des moments en commun, nous avons besoin de paroles, de signes, de gestes, et nous en sommes privés. Essayons alors de tourner en positif cette privation.
Redisons-nous que Jésus n’est pas venu d’abord pour réformer le culte, les pratiques, l’organisation, mais qu’il est venu pour nous montrer que c’est dans notre vie humaine la plus quotidienne que se construit le Royaume : dans nos gestes, dans nos paroles, dans notre effort constant pour aimer, c’est-à-dire pour sortir de nous-mêmes et nous enrichir du contact avec l’autre, seule voie pour entrer en contact avec le Tout autre. Alors, si nous nous recentrons sur ce message fondamental d’amour qu’est le message apporté par le Christ, combien seront belles, combien seront fortes, combien seront lumineuses nos prochaines célébrations !
Patrice Maincent

mardi 5 mai
Méditation,Jn 10, 22-30

C'est l'hiver, c'est la fête à Jérusalem... Pourtant, les juifs sont d'humeur grincheuse et se divisent autour de l'identité de Jésus : « Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement ! » Le suspense est à son comble, les voilà qui mettent Jésus en demeure de répondre clairement. Ce que fait Jésus en développant une parabole, c'est-à-dire un récit court qui a pour but de provoquer les auditeurs à la réflexion en les poussant à remettre en question leurs conceptions habituelles. Il s'agit ici de la parabole du bon berger dont les brebis entendent la voix. Pour ainsi dire une petite histoire de reconnaissance vocale !...
Une histoire de brebis liées à leur berger, qui, jamais, ne suivraient un étranger. Ne manque que le gros chien patou pour le réalisme de la scène ! Pourtant les interlocuteurs de Jésus, exclus du troupeau, ne comprennent pas. Alors sans s'impatienter, Jésus reprend. Il reprend l'image du berger, son souci du troupeau, le lien qui les unit et la reconnaissance par la voix.
Que révèle ce dialogue de sourds entre Jésus et ces religieux qui s'impatientent et voudraient entendre quelque chose, mais jamais ce qui est dit ? Les Juifs attendaient un Messie. Ce pourrait bien être Jésus, pensaient-ils. Mais Jésus ne dit pas cela. Il s'efforce de clarifier la nature du lien qui le lie à Dieu : un lien de filiation qui va jusqu'à la fusion : « Moi et le Père nous sommes un ». Autrement dit, s'il n'est pas porteur de la voix de Dieu dans et pour le monde, Jésus reste un gourou autoproclamé. Comme il le dit avec insistance, Jésus vient de l'Éternité pour nous redire une parole de tout temps qu'il n'a pas inventée.
Pour ma part, est-ce que j'entends sa voix ? Dans quel enclos est-ce que je me situe, celui des incrédules grincheux ou celui des brebis qui reconnaissent sa voix et le suivent ?
Marie Maincent

lundi 4 mai
Méditation Jn 10, 11-18 et Ac 11, 1-18

Nous poursuivons aujourd’hui la lecture du chapitre 10 de l’évangile de Jean. Jésus continue de se présenter comme notre bon pasteur, vrai berger qui nous connait, nous aime et nous conduit. Dans ce passage, Jésus parle aussi d’enclos : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix. Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » A la lumière de cette parole, nous pouvons imaginer l’Eglise comme un enclos où nous sommes d’une certaine façon, enfermés, pour ne pas dire « confinés ». L’Eglise, c’est notre famille, celle de tous ceux qui se reconnaissent enfants de Dieu, guidés par Jésus, animés par l’Esprit Saint. Et il y a autour de nous d’autres enclos….
Dans les Actes des Apôtres, nous voyons Pierre prendre conscience de cette réalité. Il est à Jaffa et 3 hommes viennent de Césarée pour l’emmener chez le centurion Corneille. Et il réalise que l’Esprit Saint l’a devancé chez ce païen, cet étranger d’un autre enclos que le sien.
Nous sommes des baptisés. Il est (sera) bon de nous réunir pour louer le Seigneur et accueillir la vie qu’Il nous donne. Il est très important aussi de sortir de notre communauté pour découvrir l’Esprit Saint à l’œuvre chez les autres même s’ils ne connaissent pas et ne voient pas le berger. Reconnaitre l’action de Dieu, comme Pierre, c’est s’émerveiller de tous les gestes de fraternité et de solidarité dans d’autres enclos que le nôtre, dont Jésus nous dit que ceux qui les habitent écouteront un jour sa voix.
N’ayons donc pas peur de rencontrer les autres et vivre des tranches de vie avec eux. Personnellement, je suis vraiment heureux quand tel ou tel m’aborde pour me parler de Dieu, Jésus, Marie, la prière….
Hier, dimanche, c’était la journée de prière pour les vocations. Evidemment, prions encore pour que des jeunes se sentent appelés à devenir prêtres. Prions aussi pour approfondir chacun notre propre vocation de baptisé. Prions pour le monde et pour oser témoigner de notre confiance en celui qui nous guide chaque jour sur les chemins escarpés de la vie, notre berger, Jésus.
Etienne.Samarcq, diacre

dimanche 3 mai
Méditation Jn 10, 1-10

La liturgie de ce dimanche nous fait retrouver la parabole du pasteur -d’autres traductions adoptent le mot « berger » : « Je suis le bon berger », dit Jésus. Oh ! pardon, je déborde : le texte de ce jour s’arrête après une première comparaison : « Moi, je suis la porte ». La porte, l’enclos, les brebis, le berger-pasteur : on est bien ici dans un monde concret, et il se trouve que cette parabole, j’ai eu la grâce de la vivre il y a seulement quelques jours. C’était à Lomme, avenue des Saules, au cours de mon « déplacement quotidien bref, lié à l’activité physique individuelle ». Je marche le long d’une friche, transformée temporairement en pâture pour des chèvres. Soudain, une dame m’interpelle : - Monsieur, regardez, il y a une petite chèvre qui est coincée dans le grillage, elle n’arrive pas à se dégager, vous connaissez le propriétaire de ce petit troupeau ? - Non, Madame, je suis désolé. Que comptez-vous faire ? - Oh, je vais appeler la Mairie ou s’il le faut, les pompiers. On ne peut pas laisser cette petite bête comme ça ! Je ne sais pas comment l’histoire s’est terminée ; toujours est-il que le lendemain, il n’y avait plus de chèvres avenue des Saules. Mais, en parfait citadin que je suis, je n’ai pas hésité à confondre les chèvres et les brebis, et je me suis dit que cette petite chèvre coincée, c’était une image de notre société en arrêt, prise dans les nœuds d’un virus, et qu’on avait bien besoin, non pas d’un pompier, mais d’un bon berger pour nous délivrer et nous guider… Dans notre triomphant XXIè siècle, sommes-nous passés par la bonne porte, en développant une société de la consommation, du plaisir et du bien-être individuel ? Petite chèvre, je me sens comme ta congénère debout près de toi, baissant la tête en signe de ton impuissance. Et je relis le psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. / Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer… » Oui, Seigneur, je sais que tu es bon et miséricordieux. Ne nous condamne pas, mais éclaire-nous, montre-nous la lumière qui nous dirigera vers l’herbe fraîche que tu veux nous offrir. Ton Fils nous dit qu’il est la porte : oui, tout son évangile ne cesse de nous montrer que c’est dans le souci de l’autre que se trouve la bonne voie, et particulièrement de l’autre affaibli, de l’autre blessé. Au côté de tant d’hommes et de femmes qui se donnent aux autres sans compter, donne-nous la force d’être aujourd’hui des annonceurs et des témoins de ce salut !

Patrice Maincent, diacre

samedi 2 mai

Commentaire de l’Evangile de Jean §6 (60-69)

Les juifs sortent de la synagogue d’où ils viennent d’écouter Jésus et, sur les marches le débat s’anime. Ils ne comprennent pas le sens de la parole de Jésus. Pourtant, ils l’ont vu distribuer du pain et du poisson à toute une foule, ils l’ont vu guérir des malades mais là ils ne comprennent pas l’idée de manger le corps et boire le sang du christ « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 52-59) et de ce fait, beaucoup le quitte parce qu’ils ne le comprennent plus. Jésus sent également que les apôtres se posent des questions et, il leur demande directement s’ils veulent partir avec les autres. Pierre rompt le silence des 12 et dit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » ou en d’autres termes : On ne comprend pas encore tout mais on sait que tu es le Seigneur donc on reste avec toi dans la confiance et dans la Foi.
Et nous, ne sommes-nous pas un peu comme les juifs ou comme les apôtres ? Sommes-nous toujours prêts à suivre la parole de Dieu ? En musique, on met des bémols pour descendre la tonalité d’un morceau pour qu’il soit plus facile à chanter. Et dans la mise en pratique de la parole de Dieu, ne mettons-nous pas également des bémols, dans le pardon, dans l’écoute, dans le partage. Ne serions-nous pas un peu comme ces juifs qui lui ont dit « STOP », je n’irai pas plus loin avec toi.
La Foi, c’est accepter pleinement la parole de Jésus tout entière et non pas seulement ce qui nous fait plaisir, ce que nous comprenons avec notre raison. Je le confesse, cela n’est pas toujours évident. Alors, Seigneur, puissions-nous, à l’image des Apôtres, garder confiance, être plus dociles, plus ouverts à ton message. Comme les Apôtres, nous ne comprenons pas toujours ton message mais nous essayons de rester à tes côtés.
« Ce ne sont pas les bonnes mœurs qui laissent leurs empreintes dans l'âme, mais les bons amours »
Saint Augustin

Ludovic DE RIEMAECKER

Une pensée particulière pour les familles qui ont perdu un être cher :

Funérailles de Monsieur Maxime MANCHEZ 16/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Monsieur Michel WAYMEL 16/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Thérèse CREPIN 22/04 (Notre-Dame de la Visitation)

vendredi 1er mai
Méditation Actes des Apôtres 9, 1-20


« En ces jours-là, Saül était toujours animé d’une rage meurtrière contre les disciples du Seigneur ».
Les mots sont forts, et disent clairement ce qu’il en est de celui qui n’est pas encore l’apôtre Paul.
Avant de l’être, il est un meurtrier possédé d’une haine passionnelle pour ceux qui se réclament du Christ.
Comment comprendre que cette haine passionnelle des chrétiens se transforme en amour passionné pour le Christ et pour celles et ceux qui se réclament de Lui ? Et puis une autre question se pose : comment les premiers chrétiens ont pu accepter que leur ancien bourreau devienne l’un de ceux qui guident les communautés des « gentils » (c’est-à-dire de ceux qui ne proviennent pas du judaïsme) ?
Que l’apôtre Pierre dirige des communautés, soit, il a une certaine légitimité mais Paul ? Paul l’enragé, Paul le violent…. Deux idées permettent d’avancer vers la réponse à ces questions.
D’abord, nous pouvons remarquer chez l’humain, donc chez nous, une tendance première (primitive ?) à refuser la vérité. L’obstination, parfois, qui est la nôtre à nous entêter dans nos vues contre des évidences, est assez étonnante : celui ou celle qui est de mauvaise foi clame qu’il ne l’est pas. L’aveuglement dans lequel nous nous enfermons volontairement, alors que la lumière illumine tout autour mais cette lumière, nous ne la voyons pas, nous affirmons même qu’elle n’existe pas : celui ou celle qui est dans le déni crie bien fort que ce n’est pas vrai. Et parfois même, nous pouvons entrer dans une forme de violence qui consiste à essayer détruire ces évidences, à tenter d’éteindre la lumière. Pourquoi cette haine de Saül contre quelques pauvres bougres non violents qui affirment la venue du règne de Dieu et qui témoignent de la résurrection de leur maître ? Ceux-là forment une secte hérétique du judaïsme, laissons faire le temps, cette secte s’éteindra d’elle-même… On peut penser que Saül est dans le déni d’une Vérité qui le mettra à terre, qu’il est aveugle à une Lumière qui bientôt l’illuminera mais de même que celui ou celle qui est de mauvaise foi sait au fond de lui ou d’elle qu’il se trompe, Saül reconnaît cette Vérité qu’il nie, il voit la Lumière qu’il prétend ne pas voir. Et c’est une parole qui permettra à Paul de faire « la bascule », et pas n’importe laquelle, celle du Ressuscité. De même pour nous, parfois une parole, une seule, nous a sorti de la solitude du déni, de la mauvaise foi, de l’aveuglement. Parole qui a opéré un déplacement en nous, parole qui nous a aidés à reconnaître ce que nous savions mais que nous n’acceptions pas. Alors la Lumière de la Vérité reconnue par Paul le fera aimer d’un amour passionné Celui qui a aimé d’un amour passionné au point de mourir sur la Croix.
Ensuite, c’est le Ressuscité lui-même qui a choisi Paul, comme il a choisi ses disciples : depuis Matthieu le collecteur d’impôts complice de l’envahisseur en passant par Simon-Pierre le pêcheur, il y a aussi Luc le lettré, le savant… Tous ont été appelés. Le sens de la vocation consiste à savoir que nous sommes appelés. C’est une Voix qui appelle, c’est une Parole qui appelle et celui qui est appelé ou celle qui est appelée doit reconnaître qu’il ne s’est pas appelé lui-même, qu’elle ne s’est pas appelée elle-même. On est choisi, on ne se choisit pas. Comme Saül qui a été choisi. Les communautés chrétiennes guidées par Paul connaissaient son parcours de vie et sûrement certains lui tenaient quelques rancoeurs. Mais tous reconnaissaient qu’il a été choisi et appelé. Ananie apprend sa vocation avec grande surprise : il doit catéchiser un ancien bourreau des siens.
Alors oui, en reconnaissant que Saül a été choisi par le Seigneur pour guider les communautés, les premiers chrétiens reconnaissaient la vocation de Paul parce qu’ils reconnaissaient en Paul l’appel du Seigneur.
Nous aussi, en raison de notre baptême, nous pouvons nous confirmer dans notre vocation quelle qu’elle soit. Nous pouvons reconnaître chez notre soeur chez notre frère l’appel du Seigneur : un appel à vivre pleinement, en fonction de ses charismes propres, son humanité de fils et de fille de Dieu.
O. Antoine

jeudi 30 avril
méditation évangile Jn 6, 44-51


Depuis le début de la semaine, la liturgie nous fait méditer le long, beau, riche, dense discours du « Pain de Vie » dans l’évangile de Dieu.
« Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire … » affirme Jésus. « Dieu » est un mot qui fascine l’esprit humain, l’attire … ou le repousse à l’image de la personne entendue hier au téléphone lors d’une préparation au téléphone : « Vous savez, j’ai connu trop d’épreuve pour continuer à croire en Dieu » me disait-elle …
« Dieu » est un trop gros mot que l’esprit humain risque toujours de saturer de ses désirs, de ses craintes, de ses fantasmes. Pour le meilleur … et pour le pire …
« Car personne n’a vu le Père » ! Que nous dit alors l’évangile de ce jour ? « lls seront tous instruits par Dieu lui-même » : en parlant au nom de Dieu, les prophètes ont commencé à préciser son « nom », à dessiner le vrai visage de Dieu … Mais, c’est « celui qui vient de Dieu, celui-là seul qui a vu le Père », peut réellement révéler, dévoiler qui est Dieu.
La Bonne nouvelle de ces jours de Pâques, c’est que Jésus, Fils, Verbe de Dieu « descendu du ciel » s’offre à nous, pour nourrir nos esprits, notre foi, notre confiance, notre relation en Dieu. Jésus, Fils, Verbe de Dieu nous communique sa force de Vie comme le pain quotidien nourrit le corps et communique l’énergie nécessaire pour vivre …
Ce Pain qui donne Vie, c’est sa Parole ; c’est aussi sa « chair », Présence vivante et vivifiante qui vient à nous par le Pain consacré …
L’évangile nous le redira avec réalisme demain …
Laurent D.

mercredi 29 avril
Méditation Jn 6, 35-40


Quel est le contexte de l'évangile de ce jour ? Prenons le temps de le resituer pour mieux comprendre les paroles de Jésus. Quelques versets avant le texte d'aujourd'hui, il est question d'intendance : devant des gens qui se sont massés sur les bords du lac de Tibériade, Jésus, spontanément, se préoccupe de nourrir la grande foule, mais il n'y a que deux petits poissons et cinq pains d'orge. Insuffisant à l'évidence ! Qu'à cela ne tienne, Jésus va les multiplier. Quelques versets plus tôt, souvenons-nous, il avait offert de l'eau vive à la Samaritaine. La ressemblance des situations est forte. En continuant le jeu de saute-versets, le lecteur s'aperçoit que Jésus, aux gens qui le suivent, parle du pain de Dieu. Pourtant, comme la Samaritaine, la grande foule -dont nous faisons partie-, ne comprend pas le sens des paroles de Jésus. Autrement dit, les hommes et la femme ne sortent pas du cercle étroit des nourritures terrestres et vitales du monde...
Nous avons la chance de ne pas faire l'expérience extrême de la faim et de la soif. Mais serait-ce possible que nous n'éprouvions pas la soif spirituelle ? La situation des suiveurs de Jésus ce jour-là à Capharnaüm est comparable à la nôtre quand nous nous rassemblons pour célébrer l'Eucharistie. Dans les paroles de consécration, ce langage du manger / boire de Jésus nous est familier. Nous serait-il si familier qu'il se serait vidé de son sens profond ? Communier au Christ et ne pas vivre selon son appel nous fait ressembler aux gens de son temps qui voyaient et ne croyaient pas ! Cette période de confinement qui nous prive d'eucharistie peut être l'occasion d'éprouver notre faim. Est-ce que l'absence creuse ma faim ? Est-ce que ce "jeûne spirituel" imposé aiguise ma soif de Dieu ? Ou, au contraire, est-ce que, fataliste, je fais sans, ou encore, est-ce que je fais autrement, compte tenu des propositions disponibles ?
Jésus est ce pain de vie parce qu'en Lui, la vie s'est manifestée. Mais, pour trouver ce pain de vie en Jésus, encore faut-il venir à lui et croire en lui, deux termes qui engagent la volonté et la foi, les conditions préalables pour ne plus jamais avoir faim et soif, autrement dit, sentir tous les besoins de l'âme pleinement satisfaits.
Marie Maincent

mardi 28 avril
Méditation : Ac 7,51 à 8,1a. Jn6, 30-35


Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
La faim, la soif, ce sont des besoins de nos corps mortels. La faim, la soif, ce sont aussi des besoins de nos âmes. J’aime le psaume 22 « Dieu, Tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube. Mon âme a soif de toi. Après Toi languit ma chair, terre aride, altérée sans eau. »
J’aime aussi les Béatitudes. Voici la 4ème dans sa traduction liturgique : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice car ils seront rassasiés. » Une autre traduction de la même béatitude dit ceci : « Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu leur demande car Dieu exaucera leur désir. »
La faim, la soif. Comment ne pas penser aussi à l’évangile de la Samaritaine où Jésus se présente comme source de la vie éternelle.
En ce moment, nous sommes privés de l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, nous dit Vatican 2. Heureusement, il nous reste la Parole de Dieu, vraie nourriture. Mais nous sommes privés du corps et du sang. Quand nous pourrons retourner ensemble dans nos églises et nous y retrouver à la messe, nous entendrons peut être avec une oreille renouvelée que le prêtre, avant la consécration, demande à l’Esprit Saint de transformer le pain et le vin en le corps et le sang du Christ. Dans la lecture des actes des apôtres d’hier et d’aujourd’hui, nous voyons Etienne. Il a été transformé par l’Esprit Saint. Il a compris le message de Jésus : On ne s’abreuve pas, on ne se nourrit pas de rites légalistes et inhabités. Non ! Tout acte de dévotion, tout geste religieux personnel ou communautaire est au service de la venue de l’Esprit de Dieu qui vient pour nous transformer et étancher notre soif. A nous, chaque matin, de vouloir nous ressourcer à ce don inépuisable de l’Amour de Dieu. Peut-être en lui redisant : « Dieu, Tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi…. »
Etienne Samarcq, Diacre.

lundi 27 avril

Méditation : Actes des Apôtres 6, 8-15 Jean 6, 22-29

Les interrogations mises en exergue par Laurent et Antoine dans les homélies de samedi et d’hier font de nouveau écho : et nous, pour quelle raison croyons-nous en Jésus ? Pour quel intérêt ? Le-nôtre serait-il vraiment meilleur que celui de ces foules en quête de libérateur, ou de nourriture ? À cette foule d’anonymes réduits à la quête de satisfaction de leurs besoins physiologiques, Jésus rappelle une nécessité plus absolue : le bonheur auquel Dieu appelle l’homme de toute éternité. Telle est « la nourriture » pour laquelle Il nous demande de travailler sans relâche. Cet appel a nécessairement une résonnance dans le contexte actuel, où un être minuscule et minable interroge notre prétention à être les maîtres absolus de tout.
Jésus révèle en fait le chemin vers un idéal à atteindre, un itinéraire comme celui parcouru par nos deux compagnons d’Emmaüs dans l’évangile d’hier : de Jérusalem à Emmaüs, puis d’Emmaüs à Jérusalem. C’est le type de parcours que l’on effectue sans décompte, comme lorsque l’amour nous remplit le cœur, ou lorsque nous avons découvert un trésor. C’est en fait le chemin de la sanctification, où l’on se perfectionne à la lumière de la vie de Jésus. On s’y ajuste sans cesse, en découvrant chaque fois de nouvelles couleurs dans l’arc-en-ciel du bonheur vers lequel Dieu nous entraîne.
Alors que nous entamons notre troisième semaine de Pâques, l’exemple d’Etienne nous donne également une belle illustration dans ce sens. « Rempli de la grâce et de la puissance de Dieu », cet homme « accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants ». La description de son activité missionnaire a de très fortes similitudes avec le résumé que Pierre dresse de celle de Jésus dans la première lecture d’hier (Ac 2, 22.33). Dans la suite, au sujet de sa mort, on verra aussi une similitude avec les dernières paroles de Jésus... Etienne apparaît alors, à certains égards, comme le modèle même de disciple, dans sa parfaite imitation de Jésus. Il reste pourtant à évaluer si le plus important est absolument de reproduire les paroles et la vie de Jésus, ou plutôt à saisir l’esprit (la philosophie/la sagesse) qui se dégage de tout ce que Jésus a fait, enseigné, dit.
Le complot fomenté contre Etienne par des Juifs, sans doute exaspérés par le zèle des nouveaux fanatiques de Jésus, indique la portée de l’onde sismique qu’avaient provoquée la vie et la mort de Jésus au sein du Judaïsme. Comme lui, ses disciples seront bannis des synagogues et du temple, et la séparation sera complète d’avec le Judaïsme. Pourtant Jésus appelait simplement à croire autrement ! Et nous, jusqu’où saurions-nous vraiment dire que nous croyons aujourd’hui comme Jésus a voulu nous l’enseigner ?

P. Edgar AHANDA

Dimanche 26 Avril


« Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse »… La nuit de Pâques est encore pleine et sombre. La mort l’a emporté, elle a eu le dernier mot. Le soir approche, le jour baisse… encore une nuit qui s’annonce, une sombre nuit. La nuit est totale dans le coeur des disciples. Leur maître est mort, de la mort la plus infâme pour un juif : crucifié.
Même si les femmes ont rapporté ce qu’elles ont vu : un tombeau vide, même si elles ont rapporté ce qu’elles ont entendu : il est vivant, les disciples sur le chemin savent que tout est fini.
Oui, tout est fini… Qui d’entre nous n’a jamais eu cette parole définitive aux lèvres ? « Tout est fini, tout est perdu » avec le goût amer du désespoir dans la bouche. Ces paroles peuvent résonner en nous lorsque nous faisons l’expérience de la maladie, d’un échec sentimental, professionnel, familial ou encore lorsque nous perdons un être cher : ce en quoi nous croyions, ce qui donnait sens à notre vie, tout cela vient de se terminer brutalement et cruellement. Les disciples d’Emmaüs nous sont très proches par ce qu’ils ont vécu.
Lorsque Jésus intervient au côté des deux disciples, il ne se fait pas connaître en tant que personne.
Mais il va relire ce qu’ils jugent être un échec en le replaçant dans leur histoire, dans l’Histoire. Cette Histoire est celle de l’Alliance que Dieu a choisie de faire avec l’humanité. En faisant cela, Jésus donne sens à ce qui paraît être un échec, il donne sens à ce qu’ont vécu les disciples. Nous pourrions aussi parfois nous demander quel est l’intérêt pour nos vies de mettre le nez dans la Bible. Ces histoires peuvent nous paraître bien poussiéreuses. Et pourtant ces histoires nous concernent comme le dit l’Evangile : « il leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait ». Lire l’Ecriture à la lumière de nos vies, c’est comprendre un peu mieux notre foi au Christ ressuscité et par là-même c’est donner un peu plus de sens à notre vie. Par où commencer ? Il est vrai que la Bible est un gros livre… Par le psaume du jour, ou la lecture du jour ou bien encore l’Evangile du jour. Où les trouver ? Sur le site AELF. Il est très bien fait. En méditant les textes du jour avec notre coeur, nous sommes alors accompagnés par le Christ sur le chemin de nos vies, comme il accompagnait, sans qu’ils le sachent, les disciples sur le chemin de leur vie. Parfois, nous pouvons même éprouver ce qu’ont éprouvé les disciples : « Notre coeur n’était-il pas brûlant tandis qu’il (…) nous ouvrait les Ecritures ». L’Ecriture ne semble pas être notre histoire et pourtant elle l’est parce que sa fréquentation permet de mieux comprendre nos histoires.
L’Ecriture est un texte à lire avec notre coeur : lieu d’une intelligence particulière. C’est au coeur de notre être qu’un dialogue peut se nouer avec Celui qui marche à nos côtés dans notre vie. Et ce dialogue, qui n’est autre que la prière, peut me faire entrer dans la compréhension de l’incompréhensible : la Résurrection du Christ.
Alors nous nous exclamerons comme le psalmiste : Mon coeur exulte, mon âme est en fête, Ma chair elle-même repose en confiance : Tu ne peux m’abandonner à la mort Ni laisser ton ami voir la corruption.

O. Antoine.

samedi 25 avril, Saint Marc
Méditation 1ère Lettre de pierre 5, 5b-14
évangile de marc 16, 15-20

Au cœur du temps pascal, la liturgie de ce jour nous fait célébrer saint Marc. La première lettre de Pierre nous le présente comme un compagnon intime du « chef des Apôtres », un « fils » spirituel. Selon la tradition, brouillé avec saint Paul (Ac 15, 38), Marc aurait mis en mots et en récits ce qu’il aurait entendu la prédication de Pierre … Notre évangile du jour, selon l’avis unanime des biblistes, est un ajout au texte primitif qui s’achevait sur le silence des femmes, stupéfaites, sidérées à l’annonce de la résurrection de Jésus par le Messager.
Que nous dit cet ajout ?
Il fait écho aux autres récits de résurrection dans les évangiles. Il s’achève par un envoi en mission des Onze dans le « monde entier ». La résurrection, aussi étonnante soit-elle, n’est pas à taire, mais au contraire, elle est une Bonne Nouvelle à annoncer au plus grand nombre ! On peut être mal à l’aise par la mise en garde : « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné ». Dans le corps de l’évangile, bien des personnes ont été sauvés par leur foi sans avoir été baptisées par Jésus ! Jésus n’a d’ailleurs jamais condamné quiconque ! Cette mise en garde est un écho au choix du baptême dans un contexte de persécution qui réclame une certaine radicalité. Pour ou contre le Christ ! Mais laissons de la place aux chercheurs de Dieu !!! Appelons-les à être attentifs aux signes qui laissent entrevoir le projet de vie annoncée et suscitée par la Parole. Le projet de Dieu est le combat contre toute forme de mal qui entrave la vie. Le voyons-nous autour de nous ? En nous ?
Une condition importante de l’évangélisation est la cohérence des comportements des disciples qui se revendiquent du Christ ressuscité avec la Parole qu’ils prononcent. Et nous savons que parfois ils sont, nous sommes des contre-exemples … Le Seigneur a pris ce risque : Jésus est enlevé au ciel et laisse la place à ses disciples. A chacun.e de nous d’être témoin, en acte et en parole, de ce parti-pris de la Vie contre toute adversité avec l’assurance que le Seigneur « travaille » à nos côtés …

Laurent Dubrulle

Vendredi 24

Qu’attendons-nous de Dieu ? Que lui demandons-nous ? Des miracles ? Des interventions extraordinaires ? Du merveilleux ? Une présence discrète ? Un accompagnement ? Qu’attendons-nous de Dieu ?

L’évangile de ce jour nous offre un élément de réponse, un élément d’ajustement peut-être : « Une grande foule suivait Jésus parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait ». L’évangile se conclut aussi : « A la vue du signe que Jésus avait accompli (…) ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi (…) Jésus se retira seul dans la montagne » … Jésus refuse qu’on le réduise au merveilleux, à la puissance, à la magie.
Contrairement aux trois autres évangiles, pour évoquer les actes de Jésus, l’évangile de Jean n’utilise jamais le mot de « miracle », en grec « dynameis » qui a donné dynamique, dynamisme et qui suggère une idée de puissance. Comme dans le récit d’aujourd’hui, Jean préfère parler de « signe », signes à percevoir, à recevoir et toujours à interpréter. Un miracle s’impose (il en impose !) par sa puissance ; un signe s’interprète …
Redemandons-nous : qu’attendons-nous de Dieu ? Ou encore : que pouvons-nous demander à Jésus ?
« Jésus gravit la montagne » nous dit Jean. Il exagère un peu : en Galilée, au bord du lac, il y a des monts, des collines, pas des montagnes. Par l’emploi de ce mot, l’évangéliste pense sans doute à la montagne dont parlait le prophète Isaïe, la montagne sur laquelle « le Seigneur Dieu donnera un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins capiteux » (Is 25, 6). Jésus réalise cette attente, cette promesse d’Isaïe : avec Jésus s’accomplit la rencontre plénière de Dieu avec son peuple. Que pouvons-nous attendre de Dieu ? Premièrement, de nous rencontrer à travers la parole de Jésus, à travers le don de son Esprit.
« Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Question très concrète de Jésus… qui appelle une réponse tout aussi réaliste de la part de Philippe : « Nous n’aurons jamais assez d’argent ! » Jésus s’intéresse aux besoins concrets de la foule, à sa faim. Les multiples guérisons racontées dans les évangiles témoignent de l’intérêt de Jésus pour la vie concrète des personnes rencontrées : un corps, un esprit malades qui empêchent une vie de relation. Jésus guérit, il restaure la relation, il fait grandir la vie qui passe inévitablement par le corps et par l’esprit … Nous en avons conscience ces jours-ci !
La foi chrétienne ne peut se désintéresser de la vie concrète, de la vie matérielle. Nous pouvons compter sur Dieu, sur son Esprit pour restaurer la vie au sein de nos êtres fragiles.
Mais précisons : « il y a un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » La remarque de l’apôtre André est juste. Pourtant, c’est en apportant le peu que le garçonnet possédait que les disciples permettront à Jésus de nourrir la foule. Ne nous arrêtons pas au merveilleux : nous ne saurons jamais ce qui s’est passé exactement au bord du lac. Saint Jean témoigne que le peu apporté a permis à Jésus de nourrir toute une foule… Nous pouvons beaucoup attendre de Dieu… à condition d’apporter le peu de ce qui nous appartient …
Qu’attendre de Dieu ? Que lui demander ? Notre évangile rappelle que le Seigneur s’intéresse à tout homme, à tout l’homme, à tous les hommes. Nous pouvons tout lui demander ! Mais nous devons aussi contribuer, à notre mesure, au changement espéré ! Apporter de nos vies, de nos compétences, de nos dons. C’est fort de nos vies, de nos compétences et nos dons que le Seigneur peut réaliser sa promesse de combler l’humanité en démultipliant ce que nous apportons. Avec nous, pas sans nous ! Parole d’actualité, non ?!

Père Laurent Dubrulle

Jeudi 23 avril
Une pensée particulière pour Madame Albert LEROUX, maman de Marie Pierre Odoux qui s'en est allée dans sa 103ème année. Toute la communauté en union de prières.

Méditation

Actes des Apôtres : 5, 27-33 Jean : 3, 31-36

Nous sommes encore dans la lumière de Pâques, et les textes de la liturgie ont la sagesse, à la fois de nous faire progresser dans la connaissance du Christ (évangile de Jean), et de nous inviter à nous situer comme chrétiens dans notre société (Actes de Apôtres).
Dans la page d’évangile (ch 3, v. 31 à 36), Jean met dans la bouche de Jean-Baptiste ce qui pourrait constituer une sorte de « définition » du Christ. On a déjà l’évocation de la Trinité, avec l’analyse des liens qui unissent le Père, le Fils et l’Esprit : « Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main », « celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure ».
Mais on voit bien que l’accent est mis sur la place du Fils « qui vient du ciel », mais qui est en même temps « terrestre ». Voilà donc le mystère du Christ, à la fois vrai homme et vrai Dieu. Et les premiers observateurs de ceux qui adhéraient à ce mystère ont bien eu raison de les appeler « christiani », nom qui a donné « chrétiens ». Oui, c’est le Christ qui est au centre de notre foi ; non pas un Dieu aérien, abstrait, ou barbu trônant dans le ciel, mais un frère fait comme nous d’os et de chair, et qui dans ce corps a montré que la mort n’était qu’un passage, nous donnant l’espérance de partager avec lui, auprès de son Père, une lumière sans déclin.
Alors, avant son départ, Jésus le Christ a fait confiance à ses disciples en leur demandant de répandre et de réaliser cette bonne nouvelle.
Ici, dans le passage des Actes qui nous est donné à lire, les Apôtres doivent se justifier auprès des autorités religieuses car ils ont guéri un infirme : ils témoignent ainsi que la disparition de Jésus n’est pas un abandon, mais que le message reste quand même difficile à faire passer. N’est-ce pas un réconfort pour nous, deux mille ans après, de voir que le même genre de difficulté subsiste ? Il n’est pas nécessaire d’argumenter longuement pour affirmer que notre Eglise, aujourd’hui, est entrée dans une période de refondation. Il faut dire en plus que cette « sale crise » du coronavirus bouscule notamment ce qui semblait fondamental dans notre pratique ecclésiale, comme la messe du dimanche.
L’intériorité, la prière solitaire ou en petits effectifs y ont sans doute gagné ; mais il reste que, de même que le Christ n’a jamais voulu faire abstraction de son corps, l’Eglise, qui se définit comme le « corps du Christ », va devoir continuer à réviser, à redéfinir son mode de présence à elle-même et au monde. Dès lors, ne revient-il pas aussi à chacun, à chacune d’entre nous, de s’interroger sur la façon dont il, elle se situe personnellement dans cette problématique ? Autrement dit, le nom de chrétien, s’il est à la fois une grâce, une force, une espérance, ce nom est aussi une question permanente…
Patrice Maincent, diacre

Mercredi 22 avril
Méditation Jean 3, 16-21

Peut-être avait-il peur d'être vu et reconnu, toujours est-il que Nicodème vient rencontrer Jésus, de nuit, dans l'obscurité. C'est du moins ce que nous dit Jean qui aime souvent jouer sur le double sens des mots.
Ici, c'est le verbe juger dont il est question. Juger, le jugement, deux mots bien obscurs que nous employons et que nous comprenons souvent dans un sens négatif.
À la lecture de l'évangile de ce jour, faut-il penser que Jésus condamne le monde, et nous en même temps ? Si je vois les choses sous cet angle, alors je débouche sur une incohérence : en effet, si Jésus condamne le monde, comment se fait-il qu'il ait donné sa vie pour le monde ?
Les paroles de Jésus nous font passer du jugement envisagé comme condamnation vers un jugement compris comme une libération. Selon le dictionnaire, un jugement c'est une appréciation, un avis mis au clair, mis en lumière, et Jésus ne contredit pas le dictionnaire : « Et le jugement le voici : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré l'obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises ». Ce n'est donc pas la condamnation qui est venue dans le monde mais la lumière.
Parce que je me sais et me reconnais pécheur, est-ce que je ne préfère pas voiler mes faiblesses, cacher mes manquements dans la pénombre ou l'obscurité pour éviter le jugement de Dieu ? Pourtant, si je comprends que le jugement est une mise en lumière et non pas une condamnation, alors oui, à la manière des plantes héliotropes comme le tournesol qui se tourne vers le soleil, je m'oriente vers la lumière de Dieu infiniment plus féconde.
Marie Maincent

Mardi 21 avril
Méditation Jn3, 7b-15 et Ac4,32-37

Dans l’évangile de ce jour, qui se situe au chapitre 3 dans St Jean, Jésus poursuit son dialogue avec Nicodème. Contrairement à nous, celui-ci n’a pas connaissance de la suite : La mort de Jésus sur la Croix, sa résurrection, sa victoire sur la mort et le péché. Comment Nicodème peut-il donc comprendre cette phrase : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle » ?
Dans le livre des Nombres, il est dit que pendant l'exode, les malades furent guéris en regardant un serpent de bronze dressé par Moïse.
Jésus nous demande aujourd’hui de regarder sa croix. Elle est le signe de la souffrance des hommes et du mal qui habite notre terre. La regarder est une promesse de guérison, de salut, de vie éternelle. La regarder, c’est renaitre d’en haut. La regarder à la lumière de la résurrection, c’est affermir notre Foi.
Je voudrais aussi partager mon intérêt pour la lecture des Actes des apôtres qui nous est proposée durant ce temps pascal. Aujourd’hui, comme déjà dimanche, il est dit que « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avaient un seul cœur et une seule âme et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre mais ils avaient tout en commun. »
Bien sûr, cela n’était pas obligatoire, mais c’était le signe d’une conversion radicale et d’une grande vie fraternelle. En lisant cela, je pense aux croyants d’aujourd’hui qui vivent ainsi. En particulier à tous les religieux et religieuses qui ont tout mis en commun. Quel bonheur quand on peut partager des moments avec eux. Ils nourrissent notre Foi par leur rayonnement qui nait de leur prière, leur vie toute simple et leur proximité avec leurs voisins. Ils ont fait vœu de pauvreté, d’obéissance (c’est-à-dire d’écoute), et de chasteté. Ils sont les prophètes d’aujourd’hui, mais sont malheureusement de moins en moins nombreux. A ma connaissance il ne reste qu’une communauté à Lomme, celle des religieuses auxiliatrices.
Ces religieuses et religieux nous interpellent à leur façon. A la suite de Jésus, ils nous invitent à lever nos yeux vers le ciel, sans oublier de regarder sur la terre les signes du Royaume de Dieu.
Etienne Samarcq, diacre

Lundi, 20 avril 2020

Le tunnel de notre octave pascale débouche sur un horizon de cinq semaines de « stage accéléré » censées nous préparer à poursuivre, aujourd’hui, la bataille menée par Jésus en son temps. Dans ce sens, les textes choisis pour nos célébrations liturgiques nous entraîneront à revisiter d’une part les enseignements de Jésus à ses disciples, et d’autre part, la progressive prise de conscience de ces derniers concernant le contenu et la portée de la mission qui allait désormais être la leur. C’est une véritable pédagogie divine qui est proposée à notre admiration durant ce temps pascal.
Nous en retiendrons que le Ressuscité poursuit patiemment la formation entreprise durant son ministère pré-pascal, avec comme but de faire passer ses disciples de la rive d’une passivité admirative, à celle du témoignage agissant. Il s’agit d’une sorte d’expertise pascale que nous sommes tous appelés à passer, à la suite de Jésus. Pour y parvenir, comme les disciples, il nous faut vaincre nos peurs, dissiper nos illusions et incrédulités, afin de devenir de vrais protagonistes de la Résurrection avec Jésus. C’est ce que tend à traduire le pape François lorsqu’il réunit les deux pans de l’engagement à la suite de Jésus : tout disciple est essentiellement toujours missionnaire, c’est-à-dire homme/femme de terrain.
Concrètement, cela nécessite une prise de conscience du sens renouvelé de la vie. À Nicodème, Jésus fait comprendre, dans l’extrait d’évangile de ce jour, qu’il s’agit symboliquement d’une nouvelle naissance. « Naître de nouveau », c’est justement prendre conscience que nous sommes fils/filles de Dieu (Ps 2, 7), rempli(e)s de son Esprit Saint (Ac 4, 31), et capables de relever nos semblables de toutes les structures de mort dans lesquelles ils sont tenus captifs. Jésus nous dit que nul ne saurait prétendre contenir la force de l’Esprit qui peut nous mouvoir vers un tel horizon : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix »(Jn 3, 8). S’il est possible de percevoir les signes de la vie qu’Il déploie et de savoir qu’elle vient de Dieu, Il attiré notre attention contre toute prétention ou illusion d’en délimiter le champ d’action : « Tu ne sais ni d’où il vient ni où il va »(Jn, 3, 8).
Dieu reste donc souverain dans son projet. Et sa souveraineté nous laisse un seul devoir : Aimer, et servir comme Lui ! Tant de combattants, croyants et non-croyants, nous en montrent l’exemple à diverses lignes de front depuis déjà plusieurs semaines de lutte contre le Covid-19 ! Si seulement cela pouvait vraiment nous instruire sur le vrai sens de la vie ! Et pourtant, soyons-en sûrs, il y restera toujours du chemin à faire, pour que chacun de nous puisse faire quelque chose.

P. Edgar AHANDA










Dimanche 19
Méditation

Confinement oblige, je suis en télétravail. Le petit avantage est que je peux aller chercher le pain frais le matin pour la maison en courant. Cette semaine, alors que je faisais mes étirements sur le bord du trottoir, je suis surpris par le fait qu’une personne change de côté pour éviter de me croiser. La peur de ce fameux virus. Cela surprend mais je ne peux lui en vouloir. Ce sentiment de peur, nous la retrouvons dans l’évangile de ce jour. Dans la maison, nous avons les dix apôtres qui ont peur. Et Jésus leurs dit, « La paix soit avec vous ». La paix et non plus la peur.
La peur est présente autour de nous.
C’est la peur de devoir perdre ou de devoir partager quelque chose, cela peut-être aussi la peur de l’autre quand il y a une différence d’origine, de religion, de milieu voir de sexualité.
Le problème avec la peur, c’est qu’elle chasse le bonheur. Mais, dans notre maison de peur, Jésus arrive avec un message : « La paix soit avec vous ». Cette Paix, contraire de la peur, cette paix qui rend heureux. Jésus ouvre ainsi nos maisons trop souvent et longtemps fermés et nous donne de l’énergie pour vivre et partager cette Paix.
Que nous ayons peur ou plein de courage, rigoureux ou que nous arrivons à pardonner, Seigneur, apporte-nous une grande quantité de paix, et si nous en avons de trop, allons la partager autour de nous. De la Paix Seigneur et du Courage.
Amen

Samedi 18 Avril

« Les chefs du peuple, les Anciens et les scribes constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte que c’était des hommes sans culture et de simples particuliers, ils étaient surpris », rapporte le texte des Actes des Apôtres de ce jour.
Dès les débuts de l’Eglise, se pose la question de savoir s’il faut un pré-requis pour accueillir la Révélation.
Une certaine logique voudrait que comme la Révélation est celle du Très-Haut, comme le Verbe de Dieu vient de Dieu, il faut nécessairement avoir une grande culture intellectuelle religieuse pour comprendre cette révélation. La parole de Dieu étant celle du Tout Autre et sacrée, il faut un grand bagage livresque pour comprendre cette parole sacrée, il faut posséder le « sacerdoce », c’est-à-dire le savoir de la parole (doxa) sacrée (sacer). Mais à chaque fois, Dieu se joue de cette logique humaine. Le grand roi David n’était-il pas celui qui gardait les moutons ? Son père n’avait pas daigné le présenter au prophète Samuel venu sur le commandement de Dieu. Pierre n’était-il pas pêcheur ?
Et la petite Bernadette Soubirous n’était-elle pas inculte ?
Oui, il y a bien un pré-requis mais celui-là n’est pas intellectuel. Ce pré-requis est celui du coeur. Et le coeur possède une intelligence propre qui n’a rien à voir avec le degré de culture que l’on peut posséder. Cette intelligence du coeur, tout le monde la possède.
Et le coeur c’est le lieu où Dieu vient habiter chez nous, ce lieu d’où il nous parle. Bien sûr, nous pouvons fermer notre coeur, nous pouvons être sourd au doux murmure que Dieu nous chante, nous pouvons même le durcir. Mais si nous accueillons cette parole, cette bonne nouvelle, celle du Christ ressuscité alors nous éprouverons la même liberté qu’éprouvent Pierre et Jean. Les chefs du peuple ne sont pas libres, ils sont dominés par la peur de perdre le pouvoir qu’ils exercent sur le peuple. Dominés par la peur, ils deviennent violents en menaçant les disciples. Mais les disciples sont libres, l’accueil de la bonne nouvelle les a rendus libres. Le Christ est venu libérer l’homme et sa résurrection peut nous libérer de toutes nos peurs.
O. Antoine, diacre.

Vendredi 17 avril
Méditation Jn 21, 1-14

Curieusement, cette scène de « pêche miraculeuse » est située de façon très différente par les deux évangélistes qui la rapportent : chez Luc, on la trouve tout au début du ministère de Jésus (chapitre 5) ; les filets remplis de poissons déterminent les pêcheurs Simon, Jacques et Jean à suivre Jésus pour devenir « pêcheurs d’hommes ». Jean, de son côté, place cette scène presqu’à la fin de son évangile, comme la troisième apparition de Jésus ressuscité ; le sens n’en est pas vraiment différent, mais semble mettre ainsi davantage en lumière la mission transmise aux apôtres : désormais le Christ ressuscité ne se manifestera plus physiquement, ce sera à Pierre de prendre les commandes, pour être « le berger » des brebis du troupeau. Nous devons comprendre alors que c’est l’Eglise, comme le dit saint Paul, qui devient « le corps du Christ ».
Aujourd’hui pourtant, dans le contexte exceptionnel que nous vivons, c’est plutôt cette phrase du début du texte qui me retient : « Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. » Simon-Pierre, Thomas et Nathanaël, au lendemain du sabbat, grâce aux femmes qui avaient apporté la nouvelle, avaient été témoins du ressuscité ; mais il fallait ensuite reprendre la vie ordinaire, si je puis dire ; et ce n’était pas facile, le poisson se faisait rare. Or, je me promenais hier après-midi avec Marie mon épouse (dans le cadre du « déplacement dérogatoire » !) et, malgré le beau soleil printanier, je regardais avec tristesse les devantures de restaurants fermées, les chantiers déserts, quelques promeneurs solitaires ne sachant pas vraiment où aller : où était la joie pascale, certes que nous n’avions pas vécue comme d’habitude sous forme de rassemblements joyeux, mais qui pouvait quand même illuminer notre cœur dans la discrétion du confinement ? Toi, Jésus, tu avais permis à tes disciples de rapporter des filets remplis de poissons, et en plus tu as partagé avec eux un vrai repas, en disposant un feu de braise… Oh ! quelle frustration je ressens !
Jésus ressuscité, aide-moi donc à te trouver aujourd’hui, dans le contexte que nous vivons. Que la joie de Pâques éclaire notre monde ! Avec le coronavirus, sans doute une partie de ce monde a disparu, et cette mort est vraiment douloureuse pour beaucoup -non seulement ceux et celles que le virus a tués, mais ceux et celles qui ne peuvent plus vivre de leur travail, qui se sentent perdus. Alors, Jésus, donne-nous des signes de ta résurrection, montre-nous comment avec ton Père tu fais gagner la Vie !
« Je ne vous abandonne pas, me répond-il déjà. Tes enfants ne t’ont-ils pas fait la surprise de te donner rendez-vous sur WhatsApp le jour de Pâques ? N’as-tu jamais autant parlé à tes proches dans ces circonstances ? Et un peu plus loin, dans les hôpitaux, dans les centres d’hébergement, ou aussi dans les liens multiples qui se sont tissés entre les professeurs et leurs élèves grâce à internet, ne vois-tu pas que je suis présent, que je vous accompagne tous ? Un feu de braise s’allume, pour préparer des temps nouveaux ; viens, ne sois pas simple spectateur, suis-moi ! »
Patrice Maincent

Jeudi 16 avril
Méditation Luc 24, 35-48

Après la rencontre des deux compagnons d'Emmaüs avec Jésus et leur récit aux apôtres, voilà que Jésus rejoint les onze. Eux « croyaient voir un esprit... ».
« Vous n'arrivez pas à croire que c'est bien moi ? » semble-t-il leur dire. Pour convaincre ses disciples de la réalité de la scène, Jésus se place dans la banalité de la vie, la nécessité vitale : le Ressuscité a faim.
Souvenons-nous, il y a quelques semaines, le récit de la Samaritaine nous présentait Jésus, là aussi dans toute son humanité : il avait soif. Les disciples pensaient voir un esprit, mais « un esprit n'a ni chair ni os ». Comment donc un esprit peut-il avoir faim ?
À partir de là, me viennent deux réflexions à creuser.
D'abord, la difficulté de croire, de faire confiance. Même en présence de Jésus, les disciples restent incrédules. Je ne leur jetterai pas la pierre... comme eux, il nous arrive, à nous aussi, de ne pas toujours y croire.
La seconde réflexion s'articule autour de la tentation de faire de la Résurrection une idée abstraite. Pourtant l'évangile de ce jour insiste, me semble-t-il, sur la résurrection corporelle, la résurrection des corps, différents, bien sûr, de ces corps que nous habitons aujourd'hui ; d'ailleurs c'est tout le sens de la méprise de Marie de Magdala qui confond Jésus avec le jardinier.
Cependant, sans parvenir à croire, les disciples sont dans la joie. Que nous aussi, nous partagions cette joie et que nous parvenions à cette intelligence de Dieu que lui seul peut ouvrir en nous.
Marie Maincent
Mercredi 15 avril
Quatrième jour de l’octave de Pâques.
Méditation

Deux disciples de Jésus marchent sur la route d’Emmaüs. Ils se parlent de l’actualité. On aimerait bien être comme eux, et marcher. Mais non ! Nous ne pouvons pas marcher à 2 jusqu’au 11 mai. Du moins, au sens propre. Car, au figuré, nous le faisons : Nous avançons sur la route de nos vies, en union avec notre conjoint (quand on a cette chance), avec tel ami ou voisin familier qui échange régulièrement avec nous par téléphone, ou mail….
Deux disciples marchent sur la route d’Emmaüs. Ils expriment leurs interrogations :
« Pourquoi Jésus est-il mort ? » Comme aujourd’hui, nous nous demandons pourquoi cette pandémie est venue frapper notre monde et bousculer la vie quotidienne de toute l’humanité.
Au cours de cette marche, un homme les rejoint. Ils l’accueillent très simplement et le mettent au courant des événements en lui disant leur déception : « Nous espérions que Jésus allait délivrer Israël » Et nous, qu’espérons-nous, qu’attendons-nous de Jésus ? Et voilà que l’homme leur reproche leur lenteur à croire le témoignage des femmes à qui des anges ont annoncé que Jésus est vivant, comme c’était annoncé dans les saintes écritures.
Nous aussi, aujourd’hui, notre esprit est lent à croire en la résurrection de Jésus crucifié, au triomphe de la vie sur la mort, de la lumière sur l’obscurité, de l’amour sur la haine ou l’indifférence…
Avez-vous remarqué ? Cela se passe le 1er jour de la semaine. C’est le 1er jour de la création du monde. C’est une re-création. Avez-vous aussi remarqué ? Les 2 disciples ne reconnaissent pas Jésus. Si ! Ils le reconnaissent quand il partage le pain avec eux. Et là, c’est la surprise et la joie. La libération !
La fraction du pain, nous pourrons la vivre ensemble à partir du 11 mai (?) Peut-être, ce jour-là, nos yeux s’ouvriront et nous verrons Jésus présent au milieu de nous. Peut-être notre cœur sera tout brûlant, inondé d’une émotion lumineuse, d’une présence mystérieuse et réelle.
Pendant les 40 jours du temps pascal, Jésus va venir nous rejoindre à travers des récits de l’évangile. Il nous rejoint aussi incognito, à travers les personnes qui entrent en contact avec nous sur notre route quotidienne. N’ayons pas peur de leur dire notre joie de croire, notre liberté intérieure, notre confiance en cette divine présence qui donne sens à ce que nous vivons. Quel trésor !
Etienne Samarcq, Diacre.

Troisième jour de l’octave de Pâques.

C’est Pâques toute la semaine ! Les évangiles nous font méditer, jour après jour, le mystère de la résurrection de Jésus et sa lente pénétration dans le cœurs des disciples. Samedi soir et dimanche, c’était l’évidence malgré la crainte, dans la joie de la rencontre des femmes au tombeau ; malgré le vide, dans l’acte de foi du disciple bien-aimé ; au bout de la route, autour de la table, après l’écoute de la Parole, lors du partage du pain pour les disciples d’Emmaüs …
Hier, nous écoutions la mauvaise foi des Anciens du conseil : ils ne se laissent pas interrogeaient par le récit des gardes ; ils inventent un autre récit. Ils ne désirent pas s’ouvrir au mystère et s’enferment dans leur incrédulité …
Aujourd’hui, la bonne nouvelle de la résurrection doit se frayer un chemin au cœur d’une tristesse infinie de la perte d’un être cher. Le vide s’impose. « On a enlevé mon Seigneur » ne cesse de répéter Marie-Madeleine. « Où l’as-tu emporté ? » L’attachement était trop fort pour que naisse une autre question. Son désespoir est tel qu’elle ne pense qu’à revenir en arrière, à répéter le passé ; elle n’est pas encore prête à reconnaître la nouveauté qu’introduit la résurrection : elle ne reconnaît pas Jésus vivant !
Alors Jésus prononce son nom : « Marie » ! Jésus renouvelle l’intimité qui était née pendant qu’il cheminait, enseignait, agissait au milieu de ses disciples … L’entente de son prénom fait retourner Marie-Madeleine : elle est appelée à la vie ! Mais Jésus la prévient : « Ne me retiens pas », au plus près du texte grec : « ne me touche pas ». Comprends que je suis dans un autre mode d’être, celui qui me fait monter vers le Père, demeurer, communier avec Lui comme au commencement … (cf. Jean 1). Mais, toi, chasse ton désespoir, quitte la nostalgie du passé, deviens « apôtre des apôtres », annonce la victoire de la Vie.
La mienne, la vôtre !
Comment accueillons-nous cette conversion de Marie ? Quelle intimité entretenons-nous avec la Parole de Dieu pour nous laisser « retourner » et convaincus de la résurrection ? Celle de Jésus, la nôtre aussi ? Dès aujourd’hui ! Nous aurons l’occasion d’en reparler ! Le confinement nous laisse du temps pour nous laisser enseigner, en toute intimité, par le Maître. « Rabbouni », parle, tes serviteurs écoutent.

Père Laurent Dubrulle

Portons dans nos prières les défunts de notre paroisse dont les funérailles ont été célébrées en comité restreint au cours des dernières semaines, ainsi que leurs familles :

Funérailles de Marcelle VANGROOTENBRUELE 17/3 (Saint-Christophe)
Funérailles de Monsieur Raymond CAPRON 18/3 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Andrée HUTCHINSON 21/3 (Saint-Vaast)
Funérailles de Monsieur Constant LEGRAND 25/3 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Lucienne SERGENT 27/3 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Christiane BANQUART 31/3 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Nicole MACCAGNAN 2/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Monsieur Cyr LECOCQ 3/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Solange DIRSON 4/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Monsieur Jean BONNY 9/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Madame Jeanne DEWEIRDER 11/04 (Notre-Dame de la Visitation)
Funérailles de Monsieur Jean LAUWERIE 14/04 (Saint-Vaast)

Portons également dans nos prières, Madame Thérèse Lecomte, maman de Sylvie Goudemand, décédée le 9 Avril à l'age de 88 ans et de son papa Monsieur Gérard Lecomte décédé dès le début du confinement.

Lundi, 13 avril (Lundi de pâques)

Frères et sœurs, nous sommes invités à laisser résonner la joie de la résurrection en la célébrant pendant huit jours. C’est ce que nous appelons « octave pascale », dans la tradition liturgique de notre Église. Huit jours durant, nous chantons et nous réjouissons de ce que Dieu a relevé Jésus d’entre les morts. Les récits évangéliques que nous lirons durant ce temps nous racontent les apparitions du Ressuscité à ses disciples. Et nous découvrirons que ces apparitions ont une portée pédagogique : aider ces derniers à mieux comprendre tout ce que Jésus leur avait prédit de son vivant, et les aider à effectuer, eux aussi, le passage (Pâques!) : de la peur au courage prophétique que l’on pourra désormais admirer à partir de la prédication de Pierre devant les Juifs.
Ce lundi est le second jour dans le décompte de l’octave. L'évangile nous parle de la rencontre des disciples-femmes avec le ressuscité, et de la mission que celui-ci leur confie à l’adresse des apôtres. Le Ressuscité envoie ces femmes dire au groupe des disciples de le rejoindre en Galilée. Il nous faut d'abord nous laisser étonner, une fois encore, de la présence de ces disciples-femmes depuis l'arrestation de Jésus jusqu'à sa mort sur la croix. L'évangile de Jean, celui de Luc sans doute encore plus, révèle qu'elles sont témoins de tous ces événements, tandis que tous ceux qui sont d'habitude mis en-avant avaient abandonné leur Rabbi. Il faut dépasser le filtre culturel que reflètent les évangiles et accueillir autrement le fait que ces femmes soient faites « apôtres » de la résurrection auprès des apôtres habituels.
Il nous faut ensuite nous laisser étonner du lieu du Rendez-vous : la Galilée, de laquelle il était acquis que « rien de bon » ne pouvait sortir (Jn 1, 45-46). C’est pourtant encore en cette croisée de chemins mal renommée que Jésus ressuscité donne rendez-vous à ses disciples. Une fois de plus, Dieu bat en brèche les logiques humaines. Il prend à contre-pied nos pensées. Il nous appelle sans doute encore à prendre soin de convertir nos regards sur les évènements, sur les personnes, sur le monde. C'est là où les logiques humaines de la culture juive l’attendent le moins qu'il rassemble ses disciples. C'est en Galilée qu'il va raviver la mission évangélique de ces disciples-missionnaires en les envoyant essaimer avec la Bonne Nouvelle vers toutes les nations.
En Galilée donc, comme aujourd'hui en plein confinement, Dieu est le même ! Il nous aime du même amour. Il est là présent, livré pour nous, dans le secret, au plus intime de notre âme, par ce temps de confinement… encore prolongé ! Dépassons la tentation de ne vouloir le trouver qu'à « Jérusalem » ou dans « le temple »... Le Ressuscité nous appelle à investir les lieux où nous pensons justement que Dieu manque. Il nous dit que nous aurons bien des surprises, car Dieu est nécessairement partout : Il donne et redonne vie à tout.
Il relève.
Il ressuscite vraiment : Alleluia !

P. Edgar AHANDA



SOLENNITÉ DE LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR

« Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que dieu l’a choisi comme Juge* des vivants et des morts » (Ac10, 42) Frères et sœurs bien-aimés,
La liturgie célèbre la foi que l’Église professe. Chaque année, dès l’après-midi du Vendredi Saint, elle appelle tous ses fidèles à se mettre en arrêt. Elle fait alors mémoire de la mort de Jésus, son Seigneur. De vendredi à samedi, elle célèbre ainsi, dans le dénuement total et le silence, les mystères de la sépulture et de la descente aux enfers, conformément aux articles de sa formulation de foi : « … a souffert la passion, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers… » (Cf. Symbole des apôtres). Loin d’être sans importance, ces mystères marquent également la portée de la communion de Jésus à la condition humaine. Fait chair, le verbe de Dieu partage notre humanité en communiant à notre expérience existentielle jusque dans les profondeurs de la mort. Il assume pleinement notre humanité. Et l’Église a bien compris que cela participait de cette union essentielle voulue par Dieu afin de raviver de son Esprit d’amour les moindres interstices de notre humanité. C’est cela qu’elle chante à Pâques. Jésus l’avait annoncé, sans pourtant que ses disciples ne le comprennent immédiatement. En anticipant la cène, il redisait que toute sa vie était un don précieux visant à éclairer l’histoire de l’humanité lui montrant de nouveau l’orbite de la vie que Dieu leur donne.
La célébration de pesha, en effet, était l’occasion pour les croyants Juifs de commémorer plusieurs actes de salut accomplis par Dieu en faveur de leur peuple. Dans le décompte, on peu citer l’acte par lequel l’ange marquait du sang d’agneau les portes des Hébreux pour les préserver de la mort, ou la mémoire plus vive de la traversée de la mer rouge qui marquait la libération de l’esclavage en Égypte. C’est en mémoire de ces actes de salut que chaque année, les Juifs devaient répandre le sang d’un agneau immolé sur les linteaux de leurs maisons, en rôtir la viande, puis la manger en famille avec des pains sans levain et des herbes amères, tout en donnant une part aux pauvres, la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bateau de pèlerin à la main (Cf. Ex 12, 1-28). Dans une forme plus renouvelée, le rituel de la pesha se fit plus sobre, en partageant des pains sans levain et des coupes de vins, toujours pour signifier le soin fidèle de Dieu pour son peuple.
Frères et sœurs, fidèle à la foi de son peuple, Jésus a célébré cette Pâque. Mais toute sa vie il avait lutté pour que le sens de la foi en Dieu cesse d’être perverti dans le rigorisme juridique et superficiel qu’entretenaient alors les diverses interprétations dominantes du Judaïsme. En donnant le pain et la coupe bénis à ses disciples, il leur disait de faire mémoire de l’enseignement de sa vie chaque fois qu’ils partageraient désormais le repas pascal. Il leur légua l’exemple ultime de l’amour qui sert généreusement le bonheur et la vie jusqu’au bout, en gardant une indéfectible confiance vis-à-vis de Dieu. Sa mort trouvait sens dans toute sa vie : une leçon d’amour au service de la justice et de la vie pour tous fondé sur la fidélité de Dieu. Voilà pourquoi Jésus affrontait si paisiblement la violence de ses adversaires et la mort. Il savait que son libérateur le ferait se tenir debout au cœur du royaume de la mort, et qu’il allait en pulvériser toutes les structures.
C’est cela, frères et sœurs, que l’Église célèbre depuis hier : Pâques, le « passage » ! C’est le passage des ténèbres et du froid de la mort à la lumière et à la chaleur de la vie que nourrit et soigne l’amour de Dieu. C’est la renonciation de tout lien avec les structures d’aliénation et de mort. C’est à cette Pâques que Jésus nous invite. C’est elle que les quarante jours du Carême nous préparent à accomplir chaque année.
Les textes de ce jour nous en délivrent la théologie (Ac 10, 34-43 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9). Ayant reconnu la vie nouvelle à laquelle Jésus nous entraîne, avec les apôtres, sans léser la fidélité des disciples-femmes si discrètes et efficaces que les plus en vue, puissions-nous efficacement devenir des messagers de cet amour de Dieu qui donne vie à tout et à tous. Le confinement ne change ni la forte portée ni l’actualité de ce message. Si le Christ est vivant, c’est par la force de l’amour de Dieu. Et il nous invite à aller dans les Jérusalem et Galilée d’aujourd’hui témoigner de son message en actes et en vérité, et non pas seulement avec des paroles et des discours.
*Pas au sens répressif courant. Ici, celui qui donne un exemple de confiance et de fidélité vis-à-vis de Dieu !

P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA
Prêtre-étudiant (Yaoundé/Lille)
Samedi Saint, 11 avril
Méditation pour le Samedi saint

Hier, nous avons quitté Jésus en agonie sur la croix ; et ce matin, aucune eucharistie n’est célébrée : l’Eglise fait apparaître ce vide angoissant qui suit une tragédie. Et curieusement, cette année, avec la pandémie, nous sommes amenés à éprouver aussi un vide : l’arrêt de nos activités habituelles, des relations coupées, qu’il faut envisager autrement.
Dans ce vide, Jésus, je mesure mieux la grandeur de ton sacrifice : bafoué, humilié, torturé, tu es mort comme les plus misérables d’entre les humains, ce qui montre combien tu nous rejoins tous, qui que nous soyons, dans cette offrande que tu as faite de ta vie ; tu témoignes que ton Père ne rejette aucun homme, aucune femme, dans l’Amour qu’Il nous donne. Mais si je reste devant la croix, si je ne fais que subir ce vide, comment trouverai-je la force de repartir, de redéfinir un sens à ce qui m’est encore donné de vivre ? Cette question vaut pour moi, pour chacun et chacune au plan individuel sans doute, mais aussi pour la société que nous formons avec notre pays, notre continent, notre planète…
C’est alors, Jésus mon frère, qu’en ouvrant à nouveau les évangiles, je retrouve tes gestes, tes paroles, ta présence si forte auprès des tiens, de Nazareth à Jérusalem. Et sans me lasser, je te vois toujours faire triompher la vie : tu guéris, tu donnes à manger, tu relèves les faibles, tu prêches le pardon, la fraternité, l’amour. Maintenant donc je redécouvre en toi le Christ, l’envoyé de Dieu Sauveur et, conseillé par l’Esprit, je me tourne vers ton Père et je lui dis : « Mon Dieu, Tu n’as qu’un seul ennemi : le vide, et tout ce qui nie la vie. Accueille, ajuste, soutiens le regard que nous portons sur Ton Fils ; c’est en le ressuscitant que tu as terrassé la mort. Dans ta miséricorde, aide-nous à le rejoindre pour nourrir à nouveau notre Espérance ; il est la Vérité qui nous éclaire, le Chemin qui nous permet d’avancer, la Vie qui est remplie du désir de partager Ton amour ».
Patrice Maincent, diacre


Vendredi Saint



Quels mots habitaient Marie au pied de la croix ?

Aucun ne peut exprimer l’horreur d’une crucifixion …

Aucun mot n’est à la hauteur d’une grande souffrance …

Les mots sont bien petits devant les maux … Aujourd’hui comme hier …

Le silence … le toucher … interdit … Le regard …

Marc Chagall a peint plusieurs fois un Christ crucifié …

Nous sommes loin de la carrière de pierre, à l’entrée de Jérusalem.

Et pourtant Jésus est là, au centre du tableau, bras étendues sur la croix. Il porte un « tallit », le châle de la prière juive. Au pied de la croix, un autre symbole israélite : la menorah, le chandelier qui éclairait le Saint des Saints du Temple de Jérusalem.

Chagall peint cette toile en 1938, année de la nuit de cristal (du 9 au 10 novembre), nuit de violence extrême contre les Juifs d’Allemagne. Il a pressenti l’horreur qu’allait vivre le peuple juif pendant la seconde guerre mondiale ; des pogroms étaient réguliers dans l’histoire. Il peint Jésus en croix blanc, livide et … pur. Jésus est au coeur de la souffrance du peuple juif, son peuple.

Quel fond pourrions-nous peindre autour de Jésus aujourd’hui ? Une chambre d’hôpital ? des blouses blanches qui s’activent autour d’un malade ? N’oublions pas : peut-être aussi un immeuble éventré en Syrie ? La banquise qui fond inexorablement ? Une mer polluée de plastiques ? Jésus crucifié partage les souffrances humaines et nos défis au service de la vie. Dieu n’est pas indifférent à nos histoires humaines. Silence. Pour l’heure, le mal semble l’emporter … Espérance : la vie n’a pas dit son dernier mot.

A 15 h, le vendredi saint, l’Eglise a cette belle tradition de vivre un chemin de croix. Pourquoi ne pas le vivre avec le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCDF-Terre solidaire) qui nous rappelle le défi de l’écologie au service de la terre et des hommes qui l’habitent ? https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/chemindecroix_page_web.pdf


Jeudi Saint, 9 avril
Méditation Jn 13, 1-15

L'Évangile de la mémoire de la Cène du Seigneur me parle à double titre. D'abord par son caractère domestique si familier aux femmes. En effet, il y est question d'un repas, une occasion, un moment qui, généralement, mobilise les femmes qui mettent le tablier pour préparer, cuisiner, mettre le couvert, décorer, s'affairer. Quand tout est prêt, les convives passent à table et, plus d'une fois, les femmes se lèvent pour aller "en cuisine", chercher la suite...
Bref, la scène de l'Évangile nous présente Jésus qui, lui aussi, se lève de table et noue le tablier... autant dire un contexte, des attitudes et des gestes que nous connaissons bien lors des repas dans nos familles.
Mais là s'arrête la comparaison. Car le service que Jésus s'apprête à faire n'est pas de passer les plats ou de laver les mains comme cela s'impose avant de passer à table -et plus encore aujourd'hui !- non, Jésus accomplit un geste étonnant - Simon-Pierre en est le premier surpris-, il se met à laver les pieds de ses disciples... Dans ce pays de Palestine où les chemins sont caillouteux, les pieds prenaient largement la poussière dans les sandales ouvertes !

Pour laver les pieds de quelqu'un, il est nécessaire de se baisser, de s'abaisser. Tout est dit dans ce mouvement du corps, dans cette attitude physique qui se double d'une disposition spirituelle, comme un mouvement du cœur pour se mettre à la hauteur de l'autre, en face-à-face, à hauteur du service. Quelle pédagogie simple et parlante que Jésus choisit pour faire comprendre à ses disciples -et à nous aussi-, en quoi consiste le service ! Quand on se baisse, quand on s'abaisse, on ne s'humilie pas, on se fait humble vis-à-vis de l'autre, humble à l'égard de l'autre, on se met à son écoute, à son service.

Le second élément qui me touche se trouve au chapitre précédent. Même geste mais, cette fois, accompli par une femme, Marie de Béthanie qui frotte les pieds de Jésus, non pas avec de l'eau mais un parfum très coûteux. Même proximité de la fête de Pâques, même repas du soir, même présence de Jésus et de ses disciples et même geste, certes très surprenant et déraisonnable de la part d'une femme en l'honneur de Jésus peu avant sa passion. Quelle audace indécente venant de cette femme, mais quelle étrange coïncidence dans les ressemblances ! Est-il trop audacieux de dire que le geste fou qu'une femme a posé avec amour à l'égard de Jésus, Jésus l'a compris dans tout son sens et le reprendra pour ses disciples qui peinent à comprendre ?
Marie Maincent

Mercredi 8 avril
Méditation : Isaïe 50, 4-9a Matthieu 26, 14-25

feuille informationL’évangile d’aujourd’hui, nous l’avons déjà entendu dimanche, en ouverture du récit de la Passion du Christ. C’est un passage étonnant car on y découvre Jésus qui accepte librement d’être trahi, livré aux grands prêtres et à la mort, par son ami Juda Iscariote.
Ce Juda devait être quelqu’un de bien, comme l’a écrit Edgar dans son commentaire de lundi. Il avait été appelé par Jésus pour l’accompagner sur les routes de Palestine et découvrir avec Lui les signes du royaume de Dieu. Il était même le trésorier du groupe et, à ce titre, entre autres, il avait la responsabilité de donner de l’argent aux pauvres. Et voilà que Juda trahit Jésus. Ce faisant, il trahit aussi ses compagnons. La fête de Pâque qui aurait dû être célébrée dans la joie selon la tradition, va devenir un drame. Comment Juda en est-il venu là ? « Il aimait l’argent », nous dit l’évangile. « Nul ne peut servir 2 maitres, Dieu et l’argent », nous dit Jésus. Sans doute aussi, Juda a été déçu par Jésus. Il attendait un Royaume bien plus concret, la libération d’Israël de la domination des Romains par exemple.
Et puis, suivre Jésus, c’est un combat. La douceur, l’humilité, le don de soi, bref l’esprit des Béatitudes….C’est un combat spirituel de chaque jour. Pour suivre Jésus, il faut l’aimer. Soyons de ceux qui aiment Jésus et cherchent sa lumière en fuyant les ténèbres de l’argent, du confort, de toutes les facilités….Pour être fidèle à Jésus, il faut l’aimer, Lui, et son Père, et l’Eglise qui est son corps.
Oui, soyons de ceux qui aiment Jésus et veulent le suivre jusqu’au bout, jusqu’à la croix, jusqu’à la résurrection…
Et aimons le prier : « Jésus, le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler ; donne-moi d’accueillir ton amour. »
Etienne Samarcq, diacre.

Mardi 7 avril
Méditation Isaïe 49, 1-6 Jean 13,21-33. 36-38

« Et moi, je me disais : ‘’Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, en pure perte que j’ai usé mes forces ‘’ ». Certains textes du jour font écho plus ou moins intensément au cœur de ce que nous vivons. C’est ce qui fait leur actualité. La parole de Dieu qu’elle provienne de l’ancien testament, des actes des apôtres, des psaumes ou bien encore des lettres des apôtres a ceci de particulier qu’elle résonne dans nos vies. Certains jours, la résonance est faible et d’autres jours on dirait que ces textes ont été écrits pour nous. Comment ne pas mettre en rapport le texte d’Isaïe (49, 1-6) de ce mardi et notre quotidien si difficile à vivre. Certains d’entre nous se battent pour se maintenir en vie et luttent
courageusement contre le coronavirus. D’autres ont engagé toutes leurs forces dans la bataille auprès de ceux qui sont malades. Chacun à sa place : ceux qui soignent, ceux qui aident ceux qui soignent, ceux qui les nourrissent, ceux qui nettoient, ceux qui restent chez eux, ceux qui nourrissent ceux qui restent chez eux, ceux qui applaudissent tous les soirs, ceux qui tissent des liens par tous les réseaux de communication possible, ceux qui craignent pour leur proches ou pour eux et tous les autres. Parfois un murmure peut monter de leurs lèvres : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, en pure perte que j’ai usé mes forces ». Mais à ceux qui sont tentés par le découragement, le porte-parole de Dieu, Isaïe, nous dit aujourd’hui au cœur de nos combats pour la vie : « Et pourtant mon droit subsistait auprès du Seigneur. » Oui, notre Dieu est auprès de nous parce que tout combattant quelque soit sa place a « de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est sa force. »
La semaine sainte est commencée et la passion du Christ doit nous rappeler qu’il est toujours possible de déposer au pied de la Croix nos désespoirs et nos souffrances. La passion du Christ est l’image extraordinaire, inouïe, d’un Dieu plein d’amour qui porte nos souffrances en portant sa Croix. Porteurs de cette connaissance nous devons le faire savoir à tous ceux qui luttent pour la vie en luttant à leurs côtés avec au cœur cette parole du psaume de ce jour : Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance, Toi, mon soutien dès avant ma naissance.
O. Antoine, Diacre

Lundi 06 avril
Pauvre Lazare ! (plutôt bienheureux, peut-être ?), qui risque de (re)perdre sa vie... cette fois simplement pour être le témoignage vivant de la puissance de Dieu qui est à l’œuvre en Jésus... Incroyablement pauvre aussi que Judas, dont le portrait traditionnel occulte nécessairement des qualités admirables ! D’ailleurs, Jésus l’eût-il vraiment appelé parmi ses disciples, puis apôtres, et honoré de la délicate responsabilisé d’économe s’il était foncièrement maléfique ? Personnellement, j’ose en douter ! Pauvre Marie aussi, jugée, probablement pas par Juda seul…
Ce qu’il y a de commun entre ces personnes, c’est leur humanité, violentée par le regard avide ou impitoyable de leurs pairs, puis par des structures de violence et de mort diverses. Cette humanité est décrite à travers le serviteur dont il est question dans la première lecture, et dont on entendra encore parler tout au long de cette semaine de la Passion. Jésus actualise plus parfaitement ledit serviteur, lui qui fait l’unité de tous ceux et celles qui sont broyés sous les coups physiques ou verbaux de leurs semblables. Pour certains Pères de l’Église, le geste de Marie préfigure et anticipe le baume divin qui préparera discrètement la résurrection de cette humanité… par Dieu lui-même.
Car, Dieu aime, appelle, et conduit tous les hommes vers le salut. Nul n’est plus méritant que quiconque d’autre dans ce projet. Dans la grande partition du dessein de Dieu, chaque être créé a sa place et son rôle à jouer. L’amour de Dieu est pour tous, sa tendresse pour tous les âges (Cf. Ps 144, 9). Dans cette assurance, nous pouvons tous voir les bontés du Seigneur, tous les jours, si nous entretenons en nous et en nos semblables l’espérance, avec courage (Ps 26).
P. Edgar AHANDA

Dimanche 5 Avril

Catégorie Accueil
A la fête des Rameaux, nous faisons mémoire de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem où il vient en pèlerinage avec ses amis pour y célébrer celle qui sera sa dernière fête de Pâques. Son arrivée est triomphale car une foule l’attend et l’acclame.
Cette année, nous allons célébrer cette fête sans pouvoir nous rassembler, faire communauté autour de Celui qui nous rejoint. Après 3 semaines de confinement, nous reprenons conscience que nous avons besoin de rencontrer les autres, croyants ou non.
La foule qui acclame Jésus a été impressionnée par ses paroles et les miracles qu’il a réalisés (certains en ont été témoins, d’autres en ont entendu parler). Tous crient « Hosanna…Sauve-nous, Jésus » Et à ceux qui interrogent : « Qui est cet homme ? », ils répondent : « C’est le prophète Jésus ». Ah ! Si nous avions vécu en Palestine au temps de Jésus ! Peut-être aurions-nous plus facilement reconnu, comme cette foule, que Jésus est l’envoyé de Dieu.
Aujourd’hui, nous avons confiance : Jésus est toujours au milieu de nous et au fond de nos cœurs de croyants. Prenons le temps de l’accueillir et de le louer, chacun chez soi. Un jour viendra, nous pourrons le refaire ensemble.
Nous le savons : Après son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus va encore se confronter à ses détracteurs (les grands prêtres, les pharisiens…) qui vont exiger sa mise à mort et sa Passion sur la croix. Et la foule qui criait « Hosanna » va crier « A mort ».
Nous sommes membres d’un peuple, d’une foule prompte à s’enthousiasmer, mais aussi versatile et prompte à critiquer, à condamner. Soyons lucides sur cette condition humaine que nous partageons avec 8 milliards d’hommes et de femmes. Si nous aimons louer le Seigneur, nous sommes aussi, certains jours, tentés de nous tourner vers Lui pour nous plaindre et lui dire nos incompréhensions, voire nos colères. Il nous renvoie toujours à l’Evangile, à la grâce de la patience et de l’humilité, à la pauvreté du cœur et à l’appel au service, et à la Croix. Il nous donne toujours son salut car la douceur, la paix, l’amour, la vie, triomphent toujours avec Jésus.
Etienne Samarcq, diacre.

Catégorie Accueil

Nous l’avons déjà écrit : en raison du confinement, nous vivrons une année sans rameaux bénis …
La chenille avait pendant l’année 2019 attaqué nos beaux buis, ne laissant que des branches et des brindilles à nue … Et pourtant, comme le buis du jardin du presbytère, des rameaux renaissent, petits mais bien verts ! La vie reprend ses droits. Prémonitoire pour notre temps de trouble ? Nous laisserons cette année les rameaux de buis grandir et se fortifier sur le tronc de l’arbre…
Une proposition ?
Lors de la fête de la Pentecôte, avant d’éteindre le cierge pascal allumé au commencement de la veillée pascale, nous nous communiquerons la flamme, et nous bénirons les bougies que chacun, chacune aura amenées. La bénédiction, la « parole qui redit le bien que Dieu désire », c’est sur nous qu’elle reposera : la bougie « donnera corps » à la Parole divine …
Nous fêterons – je l’espère – ensemble la victoire de la vie sur la peur … et nous nous écrirons avec saint Paul : « Ô mort, où est ta victoire ? » (1 Co 15, 55). Nous chanterons à pleine voix la gloire de Dieu et la paix revenue pour les cœurs inquiets …

Samedi 4 Avril
BOUC EMISSAIRE
Il est toujours très facile pour se dédouaner, d’une situation, d’un problème, d’un comportement, afin d’éviter les polémiques, les contagions, de désigner un bouc émissaire. Que ce soit à l’école, où un élève est stigmatisé pour son comportement et est sanctionné « pour l’exemple ». Au travail, où un collègue nous informe d’une problématique que nous décidons d’ignorer, de peur des incidences qu’elle pourrait avoir, ou, à la maison quand on oublie la demande d’un enfant ou d’un conjoint afin de ne pas perturber notre quotidien.
Comme la parole du grand prêtre Caïphe dans l’Evangile de ce jour : « Vous ne voyez pas quel est votre intérêt ? Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Il faut trouver un bouc émissaire. Mais, si la personne visée, le camarade de classe, le collègue, le frère, la sœur, n’est pas en faute, a un comportement exemplaire et n’a rien à se reprocher, alors le système vacille.
C’est pourquoi, chez nous les chrétiens, la croix a une place si importante. En contemplant Jésus sur la croix, nous prenons conscience jusqu’où peuvent nous mener les principes de Caïphe et ne pouvons devenir, alors, des artisans de la lutte contre l’exclusion. Puisse aujourd’hui, la vision d’une croix sur une église, d’un calvaire au bord de la route ou d’un crucifix accroché sur le mur d’une maison, nous aider à prendre conscience jusqu’où peut conduire l’exclusion de celui qui interpelle par ses paroles ou par ses actes.
Ludovic DE RIEMAECKER

Vendredi 3 avril :
Méditation Jérémie 20, 10-13 Jean 10, 31-4
La calomnie, la dénonciation, la foule et la revanche, voilà l'atmosphère oppressante qui ressort de la lecture du texte de Jérémie. À ce climat pesant, l'Évangile ajoute la tentative de lapidation et pas n'importe laquelle, celle de Jésus qui, aux yeux des Juifs, a blasphémé : « Tu n'es qu'un homme, et tu te fais Dieu. »
Et nous, ne nous arrive-t-il jamais de blasphémer ? Ne nous arrive-t-il jamais de nous faire dieux, de nous prendre pour des dieux ? Les dieux du stade dans une quête de records en tous genres ? Les dieux du monde dans un paradis de consommation et de profits ? Chacune, chacun, a bien d'autres exemples de royautés égoïstes et éphémères ? Et quelles sont nos « œuvres » humaines ? Surexploitation de la planète, dégradations et destructions environnementales, recherche des profits... oui c'est vrai, mais aussi « œuvre » sublime de courage et de solidarité dans ce temps inédit, ébranlé par un virus invisible qui défie la recherche mais ne désespère ni les chercheurs, ni les soignants, ni les croyants. « Croyons les œuvres ». À travers elles, à travers les belles « œuvres » des femmes et des hommes reconnaissons que notre amour du Christ n'est pas un vain mot, qu'il nous pousse à nous ouvrir aux autres, même -et encore davantage- en ce temps de confinement sage et responsable.
Marie Maincent

Pour mieux entrer dans la liturgie des Rameaux : une fiche-partage proposée par " Envie de Parole" Rameaux
Et retrouvez les propositions du Service de la Parole pour la semaine sainte et Pâques : Envie de Parole

Jeudi 02 avril
La tension qui monte entre Jésus et les responsables religieux de son temps s’explique en partie par la divergence de compréhension du Judaïsme. Si nous avions aujourd’hui un prophète aussi zélé et qui prétendrait que nous sommes en train de nous tromper dans le christianisme, le risque ne serait peut-être pas différent : des persécuteurs se recruteraient dans nos rangs. La doctrine et la morale de toute religion sont souvent le creuset des extrémismes et des intolérances de toutes sortes. Voilà pourquoi il est nécessaire de toujours faire preuve de grand discernement devant les alternatives.
Nous savons que le pape François essuie par exemple de fortes critiques et oppositions de la part de croyants de diverses couches, en raison de son attitude, ou de certaines réformes qu’il met en route. Au goût d’un grand nombre d’entre nous, ce pape tend exagérément à prétendre presque tout renverser dans le temple. Les textes de cette semaine et les bouleversements dus au Covid-19 sont peut-être aussi l’occasion pour nous d’examiner nos propres dispositions à accueillir le changement et la différence des points de vue, des manières de faire, des manières de croire, ou de vivre la foi.
L’évidence qui se dégage est celle du risque facile de faire fausse route en gardant le nez dans son guidon. L’on risque de faire un déni de la diversité du réel ou de la révélation de Dieu. Nous n’en sommes pas exemptés en christianisme. Comme ces coreligionnaires de Jésus, on peut se tromper tout en étant convaincu de servir Dieu avec une doctrine et une pratique morale rigoureuses. Ces récits nous appellent à prendre garde à ne pas reproduire de tels égarements aujourd’hui encore.
Une part essentielle de la vérité est donnée dans la première lecture : à travers la figure d’Abraham, père de tous les croyants, Dieu fait alliance avec son peuple tout entier. Aucun peuple n’est exclu de cette promesse. Tout repose sur la fidélité de Dieu. Rappelons-nous simplement que c’est à nous de ne pas perdre confiance.
P. Edgar AHANDA

mercredi 1er avril
méditation : Dn 3, 14-20. 91-92.95 Jn 8, 31-42

Les évangiles de cette semaine nous décrivent les relations tendues entre Jésus et ses détracteurs. Certains le suivent, d’autres le quittent... La liturgie nous conduit, jour après jour, à la semaine sainte qui marquera le rejet définitif et la condamnation à mort du Seigneur.
Aujourd’hui, Jésus rappelle l’importance de la fidélité à sa Parole qui conduit à la vérité, une « vérité qui rendra libre », vivant et épanoui. Mais pour que cette promesse s’effectue, il faut demeurer avec Lui, entrer dans une évolution, se transformer ou tout du moins s’ouvrir à la possibilité d’un changement à son contact, à son écoute. C’est à ce niveau que s’adresse Jésus à ses interlocuteurs. Il leur dit leur situation : ils sont pécheurs, et ce qui peut les sauver, c’est la relation avec lui, parce qu’il vit, lui, d’une relation unique : il est Fils, qui le rend différent, et cette différence il la leur offre, mais ils doivent le reconnaître ...
Nous sommes ainsi, nous aussi, invités à demeurer fidèles à sa Parole, la fréquenter, la lire, la méditer, nous laisser habiter par elle … Nous ne sommes pas invités à une connaissance savante, mais une naissance avec elle, une naissance nouvelle, toujours nouvelle, à la suite, en communion avec le Christ Jésus … Alors, nous serons libérés de nos craintes et de nos désespérances. A l’image des trois jeunes hommes, libres, devant le roi Nabuchodonosor de notre première lecture. N’est-ce pas une bonne nouvelle pour aujourd’hui ? Laurent Dubrulle, curé

mardi 31 mars
Méditation : Fraternité et Confinement

Jamais, peut-être, la troisième valeur de notre République n’a paru aussi précieuse en ces temps très étranges et troublés. Oui, la Fraternité, valeur considérée comme mineure en regard à ses deux grandes sœurs : Liberté et Egalité.
Mais aujourd’hui nous souffrons dans notre fraternité parce qu’elle ne peut plus s’exercer. C’est parfois quand le bonheur disparaît que nous prenons conscience que nous étions heureux… Et aujourd’hui c’est parce que la fraternité ne peux plus se vivre entre nous que nous prenons la mesure de ce qu’elle est : elle fait partie de notre être de citoyen. Quand nous faisions notre marché, nos courses, quand nous allions boire un verre au troquet du coin avec des amis, quand nous invitions notre famille pour notre anniversaire ou celui de la petite dernière, quand nous allions au restaurant ou courir avec nos proches, ou encore faire du vélo en famille. Oui, se retrouver ensemble et vivre la grande fraternité des humains, sentir la chaleur de l’amour de ceux qui nous aiment et que nous aimons. Souvenons-nous de nos rires pour tout ou pour rien, de nos regards échangés. Bientôt, la foule dans le métro aux heures de pointes va nous manquer. Oui, nous sommes peut-être tristes parce que tout cela nous manque cruellement.
Mais dans cet isolement forcé nous pouvons aussi réfléchir à la fraternité, parce qu’elle ne peut plus se vivre. Et nous pouvons alors comprendre que la fraternité nous a construit et a construit le monde. Sans fraternité pas d’humanité. Aucun enfant ne peut grandir en humanité s’il sent qu’il n’appartient pas à la communauté des hommes et s’il ne sent pas que cette communauté le reconnait comme membre indissociable. Sans fraternité, il ne ferait pas bon vivre ensemble : regardons les communautés dans lesquelles les rapports se bornent à l’utilité de ce que chacun peut apporter au groupe. Chacun se sent être un outil pour que la « machine » fonctionne et bientôt ces rapports fondés sur l’utilité deviennent des rapports de force. Et c’est le début de la violence et de la contrainte.
Mais, dans notre réclusion, tout lien fraternel n’a pas disparu. Ce lien peut se vivre autrement. Souvenons-nous de La Genèse, l’une des premières paroles évoquant la fraternité a été celle de Dieu. Adam est seul et Dieu a alors cette parole : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Il semble que l’homme ne soit pleinement homme qu’au sein d’une communauté fraternelle dont l’image première est donnée par le projet de Dieu. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, il les envoie deux par deux, encore une image de la fraternité et lorsqu’on dit à Jésus que sa mère et ses frères le cherchent, Jésus regarde autour de lui et dit que tous ceux qui sont présents sont ses frères et ses sœurs. Jésus mange souvent avec ceux qui l’accueillent à sa table : encore un bel exemple de fraternité. Oui, mais aujourd’hui ?
Aujourd’hui nous pouvons vivre la fraternité des sœurs et des frères dans le Christ en nous souvenant qu’il y a une expression qui est souvent utilisée dans l’Eglise : en union de prière. Par la prière nous nous rejoignons toutes et tous et surtout le Christ nous rejoins tous. Alors portons nous les uns les autres dans la prière et plus que jamais. Nous pouvons nous mettre d’accord pour prier ensemble à une heure choisie. Alors toutes celles et tous ceux qui prient se relient les uns aux autres et reforment une grande fraternité spirituelle et si nous y ajoutons la communion de saints, c’est une fraternité qui relie aussi le ciel et la terre, toutes celles qui et ceux qui sont partis vers le Père et nous qui nous y associons pas la prière.Et puis, il y a cette fraternité en acte de ceux qui sont aux côtés des malades. Certains contractent la maladie de leurs patients, d’autres y laissent leur vie. Les moyens manquent, certains sont épuisés, mais ils ne se découragent pas et ils luttent de toutes leurs forces. Ceux qui approvisionnent les magasins, ceux qui vendent de quoi nous nourrir, ceux qui accompagnent les personnes en situation de dépendance. Et tous les autres, ceux qu’on oublie, les discrets : comment ne pas voir là, une magnifique preuve que la fraternité a du sens.
Un jour le confinement finira. Un jour nous nous retrouverons en « chair et en os », nous nous serrerons les mains, nous nous prendrons dans nos bras, nous nous embrasserons de nouveau. Il faudra nous souvenir que la fraternité n’est pas une valeur mineure. Il faudra vivre cette fraternité en toute conscience et en savourant chaque instant comme on savoure un pur moment de bonheur.
Olivier.Antoine, Diacre.

lundi 30 mars 2020
Méditation Dn 13, 1-62 et Jn 8, 12-20

Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous invite à prendre conscience de l’importance de la Vérité et du témoignage. Dans la 1ère lecture, la vérité apparait grâce aux questions posées par Daniel aux 2 vieillards qui veulent faire condamner Suzanne. Dans l’Evangile, Jésus débat avec les pharisiens qui ne veulent pas reconnaitre en Lui le Messie. Il leur dit qu’Il est témoin de son Père et que son témoignage est vrai. Baptisés, nous savons que nous sommes invités à rendre compte de l’espérance qui est en nous, à oser dire qu’en suivant Jésus, nous ne marchons pas dans les ténèbres, car Jésus est la Lumière du monde, et à témoigner que le Seigneur est notre berger, nous ne manquons de rien. Repensons aussi à ceux qui ont été et sont encore pour nous, des témoins de la Vérité par leurs paroles et par leurs actes.
En ce temps où règne beaucoup d’angoisse, renouvelons dans la prière notre confiance en Jésus et l’audace de témoigner de sa place dans notre vie de croyant.
Etienne Samarcq, diacre

Dimanche 29 mars 2020
5ème dimanche de carême - Année A
Homélie du Père Laurent DUBRULLE

alternative tectuele Aujourd’hui, cinquième dimanche de Carême. Dimanche prochain, nous entrerons dans la Semaine Sainte avec la fête des Rameaux. Le combat de Jésus contre les forces du mal se précise ; il se fait de plus en plus intense. Devant le tombeau de Lazare, Jésus s’affronte à l’ultime combat : la mort. Aujourd’hui, la mort d’un ami. Dans quelques jours, il affrontera sa propre mort… Dans quel esprit ? Et nous aujourd’hui, dans quel esprit affrontons-nous l’actualité qui secoue notre monde, qui secoue notre vie ?
Naturellement, la première réaction devant la mort est l’incompréhension : « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort… ». A demi-mot, Marthe reproche à Jésus son absence : Jésus a tardé de venir. Dans un premier temps, Dieu semble toujours absent, indifférent à l’épreuve. N’aurait-il pas pu créer un monde sans la mort, sans le mal ? « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
« Jésus pleura » : la mort, c’est un temps d’émotion forte. La relation se brise, la séparation s’impose … Pour longtemps ? pour toujours ? La mort d’un être cher est un moment où la foi est mise à l’épreuve.
« Ton frère ressuscitera » affirme Jésus. « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection » lui répond spontanément Marthe, récitant son « catéchisme » juif. Mais Jésus reprend la parole et précise : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». A quel mystère Jésus veut-il nous introduire avec cette dernière phrase notamment : « Tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais » ?
Nous faisons et ferons l’expérience la mort. L’actualité nous le rappelle, ô combien dramatiquement. Cependant, il nous faut peut-être distinguer la mort qu’on pourrait qualifier de naturelle - la mort biologique, et qu’il faut accepter pour rejoindre l’éternité de Dieu -, de l’impact que la mort peut prendre dans un monde marqué l’inévidence de Dieu, le doute, la non-foi.
Oui, il y a la mort comme limite constitutive des créatures temporo-spatiales que nous sommes, et ce que devient cette mort dans un monde qui doute de tout, qui vit « sous l’emprise de la chair » selon les mots de Paul, c’est-à-dire, comprenons bien, centré sur soi et réfractaire à l’Esprit de Dieu.
Dans la foi, il nous faut sans doute acquiescer à la mort biologique et l’accueillir comme un moment de transformation pour devenir une création nouvelle, hors du temps et de l’espace. Cela dépasse l’intelligence, cela dépasse l’imagination ! Cela demande un véritable travail spirituel ! « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » dira Jésus, toujours dans l’évangile de Jean (chapitre12). A l’image de la graine, nécessité de s’enfouir pour germer …
« Tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais » : cette phrase de Jésus est une invitation à toujours approfondir notre relation à Jésus pour pressentir et ressentir cette force de vie, déjà présente !, qui jaillit de sa vie de ressuscité au matin de Pâques ! Le mal est à combattre, et aujourd’hui, remercions encore tous les soignants au service de la vie ! Le mal est à combattre, mais dans tous les cas, la vie, au regard de la foi, sort victorieuse grâce à l’amour créateur, recréateur de Dieu.
« Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » affirme Paul. Ce don de la vie n’est pas seulement pour le futur ; ce don est déjà pour nous aujourd’hui et nous aide à traverser les épreuves de l’existence.
« Enlevez la pierre » commande finalement Jésus. Enlevez la pierre, faites rouler cette grosse pierre qui obstruait l’entrée du tombeau. Une pierre avait scellé la vie de Lazare ; tout était fini pour lui. « Enlevez la pierre » ! Combien de pierres obstruent et enferment nos vies d’hommes et de femmes ? Là encore, saisissons les signes du temps : que nous disent les conséquences du covid 19 de notre organisation du monde et de nos vies ?
« Déliez-le, et laissez-le aller » : l’évangile nous offre une belle image, celle du linceul qu’on déchire : faire l’expérience de liens libérés des liens qui nous entravent !
Prenons encore cette semaine de carême pour prendre le temps d’aller puiser à la source de cette vie qui est en nous et que nous célèbrerons la nuit et le jour de Pâques ! La résurrection est déjà à l’œuvre dans nos vies : prenons le temps de la percevoir … Que notre foi en la résurrection nous encourage à vivre aujourd’hui … et un jour à mourir …

Samedi 28 mars 2020
Méditation (Jn 7, 40-53)
Patrice Maincent, diacre
C’est la fête des Tentes à Jérusalem, les Juifs sont venus nombreux pour célébrer ce rappel important d’une page capitale de leur histoire : l’Exode. Et voilà qu’on commence à se poser des questions sur ce Jésus qui s’est fait connaître par des miracles et des paroles un peu étonnantes. Serait-il le Christ, ce Messie tant annoncé dans les Ecritures ? On se méfie, et les Pharisiens, qui se croient supérieurs par leur savoir, envisagent des méthodes énergiques pour maintenir l’ordre…
Nous sommes en 2020, et cette page n’est pas à lire seulement comme une page d’histoire ! Dans cette période de Carême que l’Eglise nous demande de vivre pour nous préparer à Pâques, l’occasion nous est donnée d’approfondir notre connaissance et notre « appropriation » du Christ. Ce Jésus que les évangiles me permettent de découvrir, est-ce bien l’Envoyé de Dieu qui vient nous sauver ? Il peut nous arriver de douter, de ne pas vraiment croire à tout cela, surtout quand on recense les souffrances auxquelles l’humanité peut être soumise. D’abord, ne culpabilisons pas à propos du doute, souvenons-nous que Jésus lui-même, sur la croix, s’est mis à crier le Psaume 21 : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Plus profondément, au lieu de juger un peu vite les Pharisiens, ne nous donnent-ils pas au contraire l’occasion de regarder en nous-mêmes et de voir que ce qui nous empêche bien souvent de reconnaître en Jésus le Sauveur, c’est notre égoïsme – au fond, notre tendance fréquente à nous mettre au centre de tout, à ne considérer comme seule autorité valable que la nôtre, à ne pas aller trop loin dans les paroles et dans les gestes que Jésus nous demande parce que ça nous dérange dans nos vieilles habitudes ?
Ainsi, la scène qui nous est proposée dans cette page nous ramène à l’effort de purification, de conversion de nous-mêmes demandé en ce Carême. Suivons d’abord Nicodème, qui s’est toujours abstenu d’une opinion définitive sur Jésus et que je qualifierais comme un « chercheur de Dieu » (souvenons-nous que c’est lui, un Pharisien, qui avait demandé à Jésus ce qu’il voulait dire par « renaître »). Ensuite, demandons à l’Esprit, qu’on désigne aussi comme le Défenseur, de nous aider à tirer parti de ce que nous vivons actuellement et qui bouleverse nos habitudes : en quoi ce Carême, qui nous est donné à vivre cette année d’une façon inattendue, peut-il nous rapprocher davantage de ce Jésus qu’on aura renié, dépouillé, torturé, mais qui, dans la faiblesse humaine qu’il aura partagée, nous assurera de la force de son Père ?
Vendredi 27 mars
Et nous, nous arrive-t-il de raisonner comme les impies ? Sommes-nous toujours vraiment fidèles à notre engagement à garder confiance en Dieu ? Nos paroles sont-elles toujours vraies ? Parvenons-nous encore à laisser Dieu continuer de nous révéler ses secrets ?
Avec le psaume, nous chantons pourtant la proximité du Seigneur. Il veille sur nous. Comment comprendre au mieux cette parole, en ce temps d’épreuve ? Comment garder confiance ?
L’évangile nous demande d’être toujours prêts à reconnaître Dieu déjà présent et agissant au milieu de nous. Nous ne devons pas seulement à l’espérer dans l’inaccessible.
P. Edgar AHANDA

La prière et la bénédiction Urbi et Orbi exceptionnelle du pape François
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
Chers frères et soeurs, de ce lieu, qui raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête.
Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux coeurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs.
Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête.
Redis encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5).
Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous” (cf. 1P 5, 7)."
Pape François, 27 mars 2020


La pandémie est mondiale et les pays d'Afrique sont de plus en plus touchés .On pense bien sûr au Cameroun,où le premier mort officiellement annoncé a été enregistré hier. Edgar y évoque " la grande difficulté à gérer la faisabilité d’un confinement total dans des conditions où une grande proportion de la population manque d’eau, de la pitance quotidienne minimale pour vivre, et où la frontière entre insouciance et instinct de survie est difficile à situer pour beaucoup... Bref, c’est très complexe pour la population, pour les prêtres ... " Et il y a bien des idées pour faire passer le message ....

Jeudi 26 mars
Méditation du Père Edgar
Foi et fidélité en Dieu restent marquées par une certaine précarité : « Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre », entendons-nous Dieu dire concernant Israël. La première lecture de ce jour nous redit l’actualité de cette tension.
Voilà pourquoi il convient de rester « vigilants » et « en tenue de service ». Mais le même texte nous redit aussi la fidélité éternelle et inépuisable de Dieu. La disponibilité de sa bénédiction apaise l’existence de l’homme… Il lui reste à la reconnaître et à la saisir.
Dans l’extrait d’évangile, Jésus rappelle aussi que Dieu manifeste cette fidélité dans ses œuvres. Aussi convie-t-il ses concitoyens à le suivre et à l’imiter, afin d’avoir part à la grande œuvre que Dieu est en train d’accomplir.
Son appel nous rejoint. Il nous redit que la sagesse de Dieu est contenue dans les Écritures et dans la Loi. Voilà pourquoi il reste nécessaire de discerner celles-ci avec justesse. Ouvrons-nous, bien-aimés, à la douceur du Seigneur, afin qu’il nous apprenne toujours mieux ses voies !
P. Edgar AHANDA

Mercredi 25 mars 2020
Méditation du Père Edgar
« Emmanuel : Dieu est avec nous ! » Paul nous dit que cette prophétie d’Isaïe se trouve accomplie en Jésus. Telle est la pierre angulaire de notre foi : en Jésus, Dieu se rend présent dans notre histoire ordinaire, pour mieux nous en révéler l’extraordinaire destinée.
Neuf mois avant Noël, nous voici portés à commémorer, l'apparition de Gabriel à Marie, humble fille ordinaire de Nazareth de Galilée. L'Annonce de l'archange dévoile à Marie que Dieu fait de l’ordinaire de son humanité de femme une mission de haute envergure dans son projet éternel. Le Messager rassure Marie : elle n'a rien à craindre, à la manœuvre, l’Esprit gère la situation.
Fidèle à la spiritualité de son peuple (cf. Ps 39, 8.a.9a), Marie se dispose à coopérer, à faire fructifier la grâce qu’elle porte déjà alors en elle : « Voici la servante du Seigneur : que tout m’advienne selon ta parole ». Cette simple disponibilité de la foi peut souvent nous faire défaut. Travaillons à bêcher autour de ce plant qu'elle nous dévoile ! C’est notre annonciation !
P. Edgar AHANDA

Mardi 24 Mars 2020
Méditation du Père Edgar
Bien-aimés, la vision d’Ézékiel nous livre aujourd’hui la description d’une eau vive jaillissant du temple de Dieu pour devenir un torrent infranchissable. Les premiers théologiens de notre ère y ont intuitivement vu une représentation de la grâce de Dieu, torrent d’amour que l’on ne peut ni mesurer, ni épuiser, ni maîtriser.
Dans l’évangile, Jésus guérit un grand malade de longue date. Il lui demande avec simplicité de s’ouvrir à l’eau vive de la grâce que Dieu dispose. Le point d’orgue de l’acte de Jésus est dans la différence du regard posé sur cette humanité blessée et abandonnée à elle-même au bord des chemins de l’histoire commune : «Je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne».
Ajustons notre regard sur cette attention face à la solitude ; puis sur l’acte de salut opéré par Jésus, qui suscite pourtant les critiques des puristes du temple et de la Loi. Temple et Loi devraient-ils passer en priorité devant la vie et l’épanouissement des fils et filles de Dieu ? À chacun d’évaluer, dans le contexte présent, l’actualité de ces approches. Dieu, lui, est toujours là. Osons garder confiance : «Il est avec nous, le Seigneur de l’univers, citadelle pour nous le Dieu de Jacob »!
P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA

Lundi 23 Mars 2020
Le père Laurent vous partage sa méditation de la lecture du prophète Isaïe (texte du jour):
Méditation du jour (Is 65, 17-21)
« Ainsi parle le Seigneur : Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit » : les paroles du prophète Isaïe, et les suivantes !, qui ouvrent la liturgie de la Parole de ce lundi résonnent étrangement dans notre actualité. Sonnent-elles faux ? Replaçons-les dans leur contexte supposé pour en saisir l’interpellation pour aujourd’hui.
Le prophète écrit alors que le peuple de Jérusalem revient d’exil de Babylone, suite à la défaite devant les armées du roi Nabuchodonosor, le saccage de la ville, la déportation de beaucoup, la dispersion en terres étrangères … Isaïe annonce un nouvel avenir qui fera oublier toutes ces épreuves.
Cette parole peut nous parler … alors que nous vivons, de près ou de loin, avec plus ou moins d’intensité, l’épreuve du confinement, voire de la maladie. Elle ouvre un avenir ! Mais s’agit-il de tout oublier ? De recommencer comme avant ? N’y a-t-il pas des « leçons » à retenir de cette expérience qui nous marque individuellement et collectivement ?
Ne faut-il pas par exemple repenser la financiarisation excessive et la mondialisation exagérée de l’industrie et du commerce qui privilégient le court et moyen terme au détriment du long terme menacé par l’inédit ?
Plus personnellement, cette situation originale crée des relations, des solidarités, des inventions qu’il ne s’agira pas d’oublier, mais de poursuivre …
Isaïe décrit un monde où le mal est jugulé … L’actualité nous montre que l’équilibre d’une société est toujours précaire, le bien-être pour tous est toujours fragile. C’est un combat … parfois oublié … aujourd’hui manifeste …

INFORMATIONS FUNÉRAILLES
Monsieur Constant LEGRAND - survenu le vendredi 20 mars 2020 à l'âge de 94 ans
Au vu des circonstances sanitaires, la cérémonie se déroulera dans l'intimité familale le mercredi 25 mars 2020 à 10h00 en l'Église Notre Dame De La Visitation de Lomme (59160).

Message du P. Laurent Dubrulle, notre curé
Dimanche, tous en communion de prière à 11h.
Edgar et moi célèbrerons l'Eucharistie.
Et les cloches sonneront à midi !
C'est Edgar qui fait l'homélie.

samedi 21 et dimanche 22 mars
Homélie du P.Edgar AHANDA
QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME A
« Les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur » (1S 16, 7)
Frères et sœurs bien-aimés, les textes de ce dimanche nous invitent à une conversion profonde de notre regard. Avec leur commun radical étymologique, foi, confiance, et fidélité éclairent encore cet appel divin.
La première lecture (1S 16, 1.6-7.10-13) montre en effet Samuel convié à dépasser la superficialité de son regard humain pour se fier au regard plus introspectif de Dieu. Il doit faire confiance à la Parole divine, porteuse du projet éternel. L’élection et l’onction du jeune David comme futur roi d’Israël nous révèlent ainsi combien le regard de Dieu va dans les profondeurs de l’être, au tréfonds du cœur, pour y faire fleurir le service de la vie, contrairement à celui de l’homme, aisément ravi par les apparences.
La deuxième lecture quant à elle (Ep 5, 8-14) nous livre un extrait de l’enseignement que Paul adresse aux Éphésiens au sujet de la mission de Jésus au cœur de l’humanité. A travers ses attitudes et enseignements féconds de la volonté éternelle du Père, il vient libérer la création des ténèbres de l'ignorance Aussi Paul voit-il la rencontre avec Jésus et sa fréquentation assidue comme les vraies sources de vie pour tout homme. La samaritaine et ses compatriotes illustraient bien cela dans l'évangile de dimanche dernier . Considérant alors que les Ephésiens sont illuminés par la connaissance de Jésus, il précise que le salut tient à la fidélité à la lumière.Les activités des ténèbres ne produisant "rien de bon", il faut les rejeter
L'extrait d'évangile de ce jour (Jn 9, 1-41) montre Jésus guérissant un aveugle de naissance, et dépassant les préjugés courants sur la maladie comme punition divine contre le péché. On peut ensuite voir l’aveugle catéchisant les pharisiens à propos de l’action de Dieu et de la mission de Jésus. L’ironie de cette construction culmine dans le fait que les pharisiens étaient persuadés et vus comme les maîtres de la Loi et les modèles de croyants. L’aveugle, lui, professe sa foi en Dieu, en la fondant sur ce qu’il avait vécu depuis sa rencontre avec Jésus. Comme personnage, il évolue au fil du récit : aveugle, il entend d’abord la Parole et fait confiance ; ensuite, désormais voyant, il témoigne et prêche, avec une étonnante clairvoyance ; il dit enfin sa reconnaissance et son action de grâce à Dieu dans une célébration particulière de la vérité qu’il a découverte. En plus de la confiance, cette évolution pourrait nous porter une invitation à la patience et à l’espérance, devant le sommet de cet évangile : « Je suis la lumière du monde ».
Cette Parole de révélation nous appelle nécessairement à mettre à jour notre confiance, notre patience, et notre espérance, au cœur de la crise sanitaire que nous vivons actuellement : en tant que citoyens et croyants, tous bords pris en compte. À quelles conversions du regard cette crise nous appelle-t-elle comme personne, comme société, comme Église, comme États, comme communauté humaine ? De quelles ténèbres la Parole de Jésus et son attitude nous libèrent-elles véritablement ? Sommes-nous bien disposés à le laisser nous libérer ? Sommes-nous disposés à le laisser libérer les autres, que nous pouvons avoir toujours regardés trop superficiellement ?
Une révision de notre regard sur la vie, sur les autres, et sur notre engagement au bonheur de tous s’impose avec évidence. Nous confiner, c’est aussi confiner une part de notre destin entre les mains des autres, les responsables des organismes collectifs plus compétents que nos individualités. Nous confi(n)er, c’est faire preuve de citoyenneté, de responsabilité, et d’engagement. La survie d’une part de notre commune humanité en dépend. Si l’horizon de la fin de crise reste bien enténébré, le contraste de la précocité du beau-temps est peut-être un signe nourricier de l’espérance, un creuset pour nourrir notre foi. Nous n’irons pas à la messe, et devrons probablement vivre Pâques autrement. N’oublions cependant pas que Dieu n’est pas enfermé dans nos églises : Il est bien là, au plus secret de nos lieux de confinement, et Il nous fait fidèlement grâce. Prions-le avec sérénité et confiance. Demandons-lui d’illuminer ceux qui s’en vont, et aussi ceux qui s’investissent avec bravoure auprès des malades et des souffrants.
À l’exemple de Marie, ou de l’aveugle de l’évangile, frères et sœurs, puisse chacun de nous laisser la Parole lui révéler le dessein du Père, qui nous mène fidèlement vers les eaux favorables et vers la Vie (Ps 22).
P. Edgar Fabien AHANDA NDZANA
Lille, 21 et 22 mars 2020.
Autres lectures possibles ce week-end
Tenir debout
Du Service de la Parole, M. et P. Maincent

Et pourquoi pas un apéro virtuel ?
C'est dimanche !
Chacun chez soi certes ... mais à la santé de tous !


Les feuilles du temps de Carême
Année
Mois
Effort de Carême
Fichier
2020
Mars
Dimanche 1er Mars
2020
Dimanche 8 Mars
2020
Dimanche 15 Mars
2020
Dimanche 22 Mars
2020
Dimanche 29 Mars

Message des évêques de France

Notre pays, avec de nombreux autres, traverse une grande épreuve. Le chef de l’Etat nous appelle à laisser de côté nos divisions et à vivre ce temps dans la fraternité. C’est pourquoi nous avons voulu que ce message destiné en premier lieu aux catholiques s’adresse aussi à tous nos concitoyens sans distinction. Nous le faisons dans un esprit d’humilité, mais avec la certitude que la foi chrétienne a une mission spécifique dans ce monde et qu’elle ne doit pas s’y dérober. Nous pensons aussi à tous ceux et celles qui partagent avec nous la foi en Dieu et la conviction qu’il accompagne notre vie. Nous pensons enfin à tous ceux et celles qui ne croient pas mais souhaitent que la solidarité et l’esprit de service s’accroissent entre les hommes.
A tous, nous disons notre désir que notre communauté nationale sorte grandie de cette épreuve. Depuis bien des années déjà notre humanité a l’intuition qu’elle doit changer radicalement sa manière de vivre. La crise écologique nous le rappelle sans cesse, mais la détermination a fait largement défaut jusqu’ici pour prendre ensemble les décisions qui s’imposent et pour s’y tenir. Osons le dire, l’égoïsme, l’individualisme, la recherche du profit, le consumérisme outrancier mettant à mal notre solidarité. Nous avons le droit d’espérer que ce que nous vivons en ce moment convaincra le plus grand nombre, qu’il ne faut plus différer les changements qui s’imposent : alors, ce drame porteur d’angoisse n’aura pas été traversé en vain.

Le mercredi 25 mars, à 19h30
Un peu partout en France, les cloches de toutes les églises sonneront pendant dix minutes, non pour appeler les fidèles à s’y rendre, mais pour manifester notre fraternité et notre espoir commun. Elles sonneront comme elles ont sonné aux grandes heures de notre histoire, la Libération par exemple. En réponse à ce signe d’espoir, nous invitons tous ceux qui le voudront à allumer des bougies à leur fenêtre. Ce geste, qui est de tradition dans la ville de Lyon, est un signe qui transcende les convictions particulières : celui de la lumière qui brille dans les ténèbres !
Ce qui suit s’adresse maintenant aux catholiques.
Mercredi 25 mars, nous fêterons l’Annonciation du Seigneur. Elle eut lieu à Nazareth, chez une jeune fille, Marie. Dans sa maison, le Ciel rencontre la terre ; dans sa maison, le salut du monde est conçu ; dans sa maison, une joie nouvelle apparaît, la joie de l’Evangile, une joie pour le monde : « Car rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37).
Cette année, sans l’avoir voulu, nous fêterons l’Annonciation, confinés, dans nos maisons ! Pouvons-nous célébrer cette fête plus en vérité, plus intensément, plus en communion ?
Quand les cloches sonneront, le 25 mars, à 19h30, que chaque disciple de Jésus, dans sa maison, ouvre sa Bible (ou son ordinateur) et lise, seul ou en famille, le récit de l’Annonciation, dans l’Evangile selon saint Luc, chapitre 1, versets 26 à 38.
Et qu’au même moment chaque maison allume une ou plusieurs bougies, à sa fenêtre, pour dire son espérance et conforter celle de ses voisins.
Nous prierons en communion par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie en nous unissant au chapelet récité, à Lourdes, chaque jour à 15h30. Nous demanderons à Marie de nous protéger et de nous aider à mieux accueillir Jésus dans nos maisons, dans nos cœurs, dans nos vies comme elle l’a fait elle-même pour nous : « Que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38) – [1ère dizaine].
Nous confierons à Marie qui devient Mère du Sauveur et qui deviendra notre Mère, nos frères et sœurs malades, nos frères et sœurs soignants, notre communauté humaine éprouvée. Nous lui dirons que nous voulons les aimer comme nous aimons Jésus, « le fruit béni de ses entrailles » (cf. Lc 1, 42), Lui qui a pris sur lui nos souffrances et nos péchés [2ème dizaine].
Nous pourrons aussi confier nos craintes et nos doutes à celle qui fut toute bouleversée et s’interrogea : « Comment cela va-t-il se faire ? » (Lc 1, 34). La peur d’une vie remise à Dieu, différentes de celle dont nous rêvons, rejoint la peur de la mort. Marie la connaît de l’intérieur et nous pouvons lui dire sans cesse : « Prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant à l’heure de notre mort », comme l’Eglise nous l’a appris [3ème dizaine]
Enfin poussés par l’Esprit, nous pourrons dire à Jésus : « Guéris-nous ! » Nous ne savons pas quelle sera la réponse sinon que, dans quelques jours, nous fêterons la passion, la mort et la résurrection de Jésus, le premier-né d’une multitude de frères qu’il fait entrer dans la vie entrer dans la vie de Dieu [4ème dizaine].
[5ème dizaine avec intentions avec intentions particulières].
Ouvrir sa fenêtre, allumer une bougie est un geste de communion que nous voulons offrir à toute la nation pour qu’elle rende hommage aux défunts, victimes du Covid 19, et aussi à ceux qui donnent de l’espoir, soignants, autorités mais aussi famille, amis, voisins.
C’est pourquoi nous vous demandons de relayer ce message très largement autour de vous, par tous les moyens autorisés à votre disposition !

Les évêques de France
Retour en haut de page Site officiel Paroisseemmanuel.fr Retour en haut de page
Nombre de visiteurs :

alternative tectuele alternative tectuele alternative tectuele alternative tectuele